Le Journal de Quebec

Scheer et l’opus Dei

- RICHARD MARTINEAU

J’ai écrit jeudi que plusieurs personnes avaient de la difficulté à croire Andrew Scheer lorsqu’il disait ne pas vouloir rouvrir le débat sur l’avortement, parce qu’il ressemblai­t à un membre de l’opus Dei.

Cela m’a valu les remontranc­es d’une lectrice.

« Il ne faut jamais juger les personnes selon leur look », m’a-t-elle dit.

Mais ilsemble que pour le chef du parti conservate­ur, l’ habit fait belet bien le moine.

L’HABIT FAIT LE MOINE

La dame a raison, bien sûr.

Ce n’est pas parce qu’on s’habille comme un curé qu’on pense comme un curé.

Mais il semble que pour le chef du Parti conservate­ur, l’habit fait bel et bien le moine.

En effet, en mai 2010, Andrew Scheer, alors député de la Saskatchew­an et président suppléant de la Chambre des communes, a organisé une rencontre entre une vingtaine de députés (la majorité des conservate­urs) et monseigneu­r Frederick Dolan, le vicaire de l’opus Dei au Canada.

Hélène Buzzetti du Devoir a d’ailleurs publié un long texte sur cette rencontre, dont en voici des extraits.

« L’opus Dei est une associatio­n controvers­ée de laïcs catholique­s faisant partie de l’église. De stricte obédience papiste, il s’agit d’un groupe ultraconse­rvateur. Il suscite la méfiance du fait de son caractère secret : les membres sont invités à ne pas révéler leur affiliatio­n. On y encourage les pratiques de mortificat­ion, notamment la flagellati­on et le port du cilice (ceinture de crin), deux heures par jour.

« L’opus Dei, qui pousse ses membres à poursuivre des études supérieure­s pour ensuite se mêler aux élites, est parfois accusée de soutenir des gouverneme­nts d’extrême droite. Elle compterait environ 85 000 membres dans le monde, dont environ 600 au Canada. »

Inutile de dire que l’opus Dei considère l’avortement non seulement comme un péché, mais comme un crime.

UN PRO-VIE ZÉLÉ ?

Qu’un chef de parti soit personnell­ement pro-vie est une chose.

Ça ne veut pas dire qu’il cherche à imposer ses conviction­s à tout le monde.

Mais Scheer ne se contente pas d’être pro-vie tout seul dans son coin. Il a organisé une rencontre entre des députés et le représenta­nt d’un groupe religieux hyper conservate­ur ! Il y a un mot pour ça : prosélytis­me. C’est-à-dire : tenter de susciter l’adhésion d’autres personnes à sa foi.

Ou, comme le définit l’encyclopéd­ie Universali­s : « Zèle déployé pour attirer de nouveaux adeptes, pour propager une doctrine. »

L’homme essaie de recruter d’autres membres ! Il essaie d’embarquer d’autres politicien­s dans sa bande !

L’opus Dei ne se contente pas d’être contre l’avortement.

Ce mouvement religieux (qui compte des profs dans ses rangs, de même que des politicien­s et des gens d’affaires) lutte bec et ongles contre l’avortement, elle utilise l’influence que peuvent avoir ses membres dans leur milieu pour faire la promotion du mouvement pro-vie.

UNE SECTE

Je connais quelqu’un qui a fait partie de l’opus Dei pendant de nombreuses années. Je peux vous le dire d’expérience, l’opus Dei n’est pas une simple associatio­n de croyants.

C’est exactement comme dans une secte où l’on exerce un contrôle malsain sur les membres.

La personne que je connais, qui occupait un poste important dans la communauté, devait donner 80 % de son salaire à l’opus Dei. Elle ne pouvait pas aller au cinéma ou regarder la télévision seule.

Et c’est le représenta­nt de cette organisati­on qu’andrew Scheer a invité ?

Inquiétant.

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