Le Journal de Quebec

Menstruell­ement vôtre

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary

Le 8 mars, nous allons célébrer la Journée internatio­nale des femmes. Peu de femmes feront des frais pour l’occasion. Le féminisme leur a glissé d’entre les mains pour atterrir entre celles d’extrémiste­s déconnecté­es de la vie des femmes « ordinaires ».

La Fédération des femmes du Québec priorise désormais les femmes de la marge. Au diable les Blanches straight de banlieue. Même si elles gagnent toujours moins que les hommes.

J’ai déjà entendu deux chroniqueu­ses du Devoir attaquer de front les femmes qui réussissen­t financière­ment, les présentant comme de vilaines capitalist­es. Féminisme rime avec socialisme.

Si ce n’était que ça.

LE FOND DU BARIL

Hier, je suis tombée sur la photo d’une jeune femme en leggings vert pomme, qui, les jambes écartées, présentait fièrement une grosse tache de sang menstruel.

À moins de suivre les débats sur le sexe des anges, vous ignorez peut-être que le sang menstruel est une nouvelle bataille féministe, le free bleeding. Il faut se libérer des « protection­s », serviettes, tampons, coupes menstruell­es et autres guénilles de nos grandsmère­s et laisser le sang couler librement entre nos jambes.

Certaines utilisent même ce sang pour peindre des tableaux et démontrer que le sang menstruel n’est pas dégueulass­e. Une artiste américaine, Sarah Levy, a peint Donald Trump à même son sang récupéré dans une coupe menstruell­e et gardé au frigo dans un pot Mason.

C’est quoi la prochaine étape, du boudin ?

Pour ces militantes, le sang menstruel est une arme de résistance au patriarcat. Un mantra proclame que « les femmes qui saignent ensemble changent le monde ensemble ».

PRIORITÉS, SVP

Dans quelques jours sera lancée officielle­ment la bataille des signes religieux au Québec. La nouvelle ministre de la Condition féminine Isabelle Charest a mis la table en annonçant que pour elle, le hijab est un signe d’oppression de la femme.

Je ne fais pas de comparaiso­n, mais les menstruati­ons aussi oppriment les femmes. C’est le prix d’enfanter. Comment le hijab avantage-t-il les femmes qui le portent ? Je ne comprends pas l’acharnemen­t féministe à défendre ce signe ostentatoi­re de soumission à la plus misogyne des religions monothéist­es.

Ces défenderes­ses du voile islamique savent-elles qu’en matière d’héritage, par exemple, le Coran dicte « au fils, une part équivalent­e à celle de deux filles » ?

On ne peut défendre une idéologie en pièces détachées, surtout quand il s’agit d’un système de pensée qui englobe tous les aspects de la vie, comme l’islam et le judaïsme. Défendre le voile, c’est accepter le reste.

Question de libertés individuel­les ? Les Doukhobors, des chrétiens nudistes russes installés en Colombie-britanniqu­e, n’ont pas plus le droit que vous et moi de se promener nus en public.

Le féminisme traditionn­el, une quête d’égalité, agonise et sera enterré avec la génération des boomers qui en ont fait une affaire de vie ou de mort. Avec succès, si on compare la vie des Québécoise­s il y a 50 ans et aujourd’hui.

Quelles seront les causes portées par les jeunes féministes pour garder ce mouvement aussi universel et structuran­t que possible ? Le sang menstruel ? L’islam misogyne ?

Vous avez jusqu’au 8 mars pour y penser.

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 ??  ?? Kiran Ghandi (à gauche) a beaucoup fait parler d’elle après avoir couru le marathon de Londres sans protection hygiénique en 2015.
Kiran Ghandi (à gauche) a beaucoup fait parler d’elle après avoir couru le marathon de Londres sans protection hygiénique en 2015.

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