Honoré par Québec, sa famille se bat contre L’IVAC
Les proches de ce héros de la mosquée pas indemnisés
À la veille de la sentence historique du tueur de la mosquée, l’ex-ministre de la Justice Marc Bellemare déplore le « double discours » du gouvernement Legault, qui a récemment honoré le survivant Aymen Derbali, dont la famille se bat contre L’IVAC.
Lundi, Azzedine Soufiane (à titre posthume) et Aymen Derbali ont reçu la médaille du civisme des mains de la ministre de la Justice Sonia Lebel – de qui relève L’IVAC – pour avoir tenté de neutraliser Alexandre Bissonnette lors de son massacre, le soir du 29 janvier 2017.
Le père de famille Aymen Derbali, qui est devenu tétraplégique après avoir reçu sept balles, était accompagné de sa femme et de ses trois enfants.
Depuis le mois de juillet 2017, la conjointe de M. Derbali, Nedra Zahouani, réclame à L’IVAC le statut de victime pour elle et ses enfants. Ses demandes ont toutefois été refusées, alors que L’IVAC soutient qu’ils n’ont pas été personnellement victimes d’un acte criminel.
Une situation qui choque l’avocat de la famille Me Marc Bellemare, qui représente Mme Zahouani dans sa croisade contre L’IVAC et la procureure générale du Québec, soit la ministre Lebel.
« C’était une bien belle photo dans Le Journal [de la famille Derbali qui reçoit sa médaille de la ministre Lebel], mais la ministre est partie au litige ! » lance l’avocat.
L’audience est prévue le 21 mars prochain devant le Tribunal administratif du Québec.
« GUERRE DE TRANCHÉES »
« Il y a beaucoup d’honneurs, de belles paroles et de cérémonies, mais sur le terrain, c’est la guerre de tranchées avec L’IVAC [le programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels] », poursuit Me Bellemare.
Par cette démarche, Mme Zahouani et ses enfants âgés de 3, 6 et 10 ans souhaitent recevoir les indemnisations nécessaires à leurs traitements, surtout d’ordre psychologique.
« Ils ont vécu un stress intense au moment de l’événement. Et le père qui revient tétraplégique, c’est un rappel quotidien, affirme Me Bellemare. Le suivi psychologique est particulièrement important pour les enfants parce qu’on ne sait jamais comment ils vont évoluer », poursuit-il.
SENTENCE
C’est demain que le juge François Huot rendra sa décision sur la peine imposée à Alexandre Bissonnette, qui a tué six fidèles en plus d’en avoir blessé grièvement cinq autres, il y a deux ans.
La Couronne réclame une peine d’emprisonnement de 150 ans.
« Je pense que c’est ça que le juge devrait donner », affirme Me Bellemare.