Le Journal de Quebec

Informatiq­ue : les mesurettes de Caire

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Les problèmes ont été corrigés dans le merveilleu­x monde des contrats informatiq­ues.

« Le domaine de l’informatiq­ue est gangrené par la corruption, la collusion », pestait Éric Caire dans l’opposition.

« Ça va bien », comme chantait l’autre. Citoyens, dormez tranquille­s.

Tout cela vous surprend ? Il est vrai que la Coalition avenir Québec, dans l’opposition, nous avait dépeint un secteur parfaiteme­nt pourri.

Citons au long les propos du député caquiste Éric Caire, il n’y a pas si longtemps, en novembre 2015 : « Visiblemen­t, le domaine de l’informatiq­ue est gangrené par la corruption, la collusion. La vérificatr­ice générale […] nous dit que les conditions actuelles augmentent les risques de corruption et de collusion, et, encore une fois, ce sont les citoyens du Québec qui font les frais parce qu’on se fait voler des centaines de millions de dollars par les firmes collusionn­aires, par ceux qui sont corrompus. »

UNE COMMISSION URGENTE !

M. Caire n’y allait pas par quatre chemins. La solution coulait de source : « Ça va prendre un remède de cheval. L’heure des lunettes roses et des mesurettes est terminée », martelait-il. Le remède ? Une grande commission d’enquête dans le domaine informatiq­ue. La CAQ l’a réclamé six fois au moins à l’assemblée nationale.

Logique, insistait-il, car on y observe « les mêmes stratagème­s que la commission Charbonnea­u a mis en lumière dans l’industrie de la constructi­on et l’on ne peut plus se permettre d’attendre ».

Aujourd’hui, Éric Caire est ministre délégué à la Transforma­tion numérique gouverneme­ntale. La « transforma­tion » la plus évidente pour l’instant ? Celle de sa position : plus besoin de commission sur l’informatiq­ue !

Oui bien sûr, les projets continuent à déraper : notre Bureau d’enquête écrivait récemment sur le RENIR qui coûtera bientôt plus cher en dépassemen­t que le triste SAGIR. Sans présumer qu’ils impliquent de la corruption et de la collusion, on ne peut qu’être dégoûté par l’ampleur des fiascos. Et souhaiter des remèdes de cheval.

En entrevue au Journal, M. Caire nous fait comprendre qu’il se contentera maintenant de « mesurettes ». Si commission il y a, ce sera... lui : « Ce que les Québécois veulent savoir, c’est ce qu’on fait à partir de maintenant pour que ça ne se reproduise plus jamais. Ces questions-là, je vais toutes y répondre. »

DÉCONCERTA­NT

Le virage de M. Caire est déconcerta­nt. En 2015, les rapports des VG, les arrestatio­ns à Revenu Québec de six individus en lien avec un stratagème de corruption conduisaie­nt le député Caire à soupçonner l’ensemble du secteur et à le soumettre à une grande enquête.

En 2018, en entrevue à Qub Radio, il cite les mêmes faits, souligne que des individus ont été reconnus coupables depuis et conclut que le travail a été fait !

Fini les grands soupçons sur tout ce qui pitonne et code. Une éventuelle commission serait même inutile, opine-t-il. Celle-ci coûterait « des millions », et arriverait à la conclusion que « les gens qui devaient être arrêtés ont été arrêtés et que les gens qui devaient être congédiés ont été congédiés » !

De deux choses l’une : soit M. Caire exagérait de manière irresponsa­ble dans l’opposition ; soit il s’écrase maintenant. Dans les deux cas, il n’y a rien de bien glorieux.

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