Le Journal de Quebec

Permettre aux Premières Nations d’écrire une partie des livres d’histoire

- NICOLAS LACHANCE

Une partie des manuels d’histoire devrait être écrite par des auteurs issus des Premières Nations, a affirmé le chef de la Nation huronne-wendat, Konrad Sioui, en marge de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtone­s et certains services publics.

Lors de son discours d’ouverture devant les membres de la commission au Centre de congrès de Québec hier matin, le grand chef de Wendake a souligné au président Jacques Viens qu’il espérait qu’une des recommanda­tions finales mentionne que les membres des Premières Nations « sont capables de parler pour eux-mêmes ».

Il est grand temps, dit-il, que ce ne soit plus les anthropolo­gues, les ethnologue­s et les historiens « blancs » qui racontent leur histoire. « On a besoin de parler pour nous autres même, a-t-il signalé. C’est une étape dans notre développem­ent de nos relations avec les autres. On a besoin d’être capables de sentir qu’on a fait partie de ça. »

DANS LES ÉCOLES

En entrevue avec Le Journal, M. Sioui a ajouté que les Premières Nations devraient écrire une partie des manuels d’histoire dans les écoles publiques du Québec et du Canada. « On est capables de se situer dans le temps nous autres même en fonction de notre histoire. »

Selon lui, si les Premières Nations avaient la chance d’écrire une partie de cette histoire, le discours enseigné aux élèves québécois serait plus nuancé et moins axé sur les idées que les souveraini­stes ou les fédéralist­es se font des relations entre les peuples fondateurs.

« On est partis de tellement loin dans nos écoles fédérales, alors qu’on était considérés comme des moins que rien », indique-t-il.

PRATIQUES DISCRIMINA­TOIRES

La Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtone­s et certains services publics au Québec a pris naissance à la suite d’événements ayant révélé « l’existence de possibles pratiques discrimina­toires envers les Autochtone­s dans le cadre de la prestation de services publics au Québec ».

Créée en décembre 2016, elle siégera durant les deux prochaines semaines, à Québec. Services sociaux, services de santé, services correction­nels : tout est au menu de cette enquête qui siégera partout sur le territoire québécois. Des travailleu­rs, des spécialist­es et des citoyens s’exprimeron­t afin « d’identifier les causes sous-jacentes à toute forme de violence, de discrimina­tion systémique ».

Des dizaines de témoins se feront entendre durant les neuf jours d’audience. Konrad Sioui admet que la commission n’a pas beaucoup de pouvoir et qu’il faudra « plus » afin d’éliminer le mépris, le racisme et les stéréotype­s qui existent envers les Premières Nations au Québec.

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Chef de la Nation huronne-wendat KONRAD SIOUI

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