Rester chez soi dans la dignité
Cinq ans. Ça fait cinq années de suite que la Protectrice du citoyen sonne l’alarme quant à la piètre qualité des services de maintien à domicile pour les plus vulnérables d’entre nous ; nos parents, conjoints, amis, frères ou soeurs en perte d’autonomie, qu’ils soient âgés, handicapés ou tout simplement malades. Cet enjeu se doit d’en être un fondamental pour cette campagne. Pour la dignité de tous nos concitoyens fragiles et les centaines de milliers d’autres qui les entourent et qui tentent de donner les soins nécessaires sans tomber au combat.
« Nivellement par le bas » sont les mots sans équivoque utilisés par Marie Rinfret, dont le mandat est de s’assurer que les droits des citoyens soient respectés dans la prestation des services publics.
Et pourtant, malgré les alertes répétées, sur le terrain, la situation ne s’améliore pas.
Selon le dernier rapport de la Protectrice des citoyens, seulement 8,6 % des 65 ans et plus reçoivent des services d’aide pour rester dignement à la maison. Or, le double, entre 15 et 18 %, en aurait également besoin.
Les mesures d’austérité ont fait mal, très mal. Des établissements de santé ont éliminé des services ou réduit le temps consacré à certaines tâches. Conséquences : des personnes fragiles, souvent des aînés, se retrouvent laissées à elles-mêmes. Dans le meilleur des scénarios, les proches tentent de colmater les trous de notre filet social, percé de toutes parts.
Mais même avec 10 doigts, impossible d’y arriver ! À moins de bénéficier du privilège d’avoir d’autres paires de mains qui s’attellent à la tâche, ce qui est, disons-le, plutôt exceptionnel.
LISTES D’ATTENTE
Il suffit d’accompagner une personne qui nous est chère dans les dédales du système pour constater à quel point la « liste d’attente » s’impose comme réponse à toute demande, telle une promesse qu’un jour, ce sera plus facile.
Liste d’attente pour du transport adapté. Liste d’attente pour rencontrer un ergothérapeute. Liste d’attente pour un service de répit. Liste d’attente, encore et encore. Mais les problèmes de santé, eux, n’attendent pas. Ils se détériorent la majorité du temps, au rythme des besoins non comblés qui s’accumulent.
En poireautant ainsi sur les foutues listes d’attente, la personne en perte d’autonomie a, soit une qualité de vie réduite ou, autour d’elle, ses aidants s’épuisent avec toutes les conséquences physiques et mentales qui s’y rattachent : la détresse, le stress et, bien souvent, des absences du travail ou une perte de productivité.
Des dommages « collatéraux » - pour ma part, je préfère parler de séquelles humaines - dont le coût social est impossible à quantifier. Fort heureusement, partout au Québec, des organismes communautaires, avec leurs escouades de bénévoles, se dévouent pour pallier les manques.
Espérons que, dans le cadre de cette campagne, les aspirants députés, ministres ou premier ministre, mettront l’enjeu des soins à domicile en priorité, car les gens vulnérables à la maison et ceux qui les soutiennent ne peuvent plus attendre encore longtemps...
« Partout au Québec, des organismes communautaires, avec leurs escouades de bénévoles, se dévouent pour pallier les manques. »
karina.marceau @quebecormedia.com