Prendre notre place dans le monde
Qu’il s’agisse de commerce, de migrations, d’échanges d’idées ou du choc des cultures, la mondialisation est incontournable. Pour le Québec, elle pose deux grands défis : s’ouvrir au monde, mais surtout y prendre notre place.
Dans les deux cas, la clé du succès n’est pas de se fondre dans un moule universel ni d’offrir au monde des produits et services génériques, bien au contraire.
Ceux qui croient que le succès du Québec dans la mondialisation va de pair avec l’effacement de sa spécificité ou menace celleci sont dans l’erreur.
DU SPÉCIFIQUE À L’UNIVERSEL
Depuis que le Québec s’est ouvert sur le monde, ses succès à l’étranger sont venus d’innovateurs, de créateurs, de chercheurs et de penseurs qui ont su offrir des produits, des oeuvres, des innovations et des idées ancrés dans la spécificité québécoise, dont ils ont saisi l’attrait universel. Dans plusieurs domaines techniques, des compétences exceptionnelles issues de nos grands projets collectifs ont depuis longtemps permis à des Québécois de faire leur marque partout sur la planète. Dans le domaine socio-économique, les réformes de la Révolution tranquille et notre longue expérience en économie coopérative ont permis aux Québécois de contribuer sur le terrain de façon unique aux grands défis du développement.
ENCORE LA « SOCIÉTÉ DISTINCTE »
De nos jours, les Québécois qui rayonnent au-delà des frontières doivent une partie de leur succès au contexte culturel et aux institutions qui ont contribué à favoriser la créativité et le foisonnement des idées.
Cette culture et ces institutions uniques sont le produit des efforts que les Québécois ont dé- ployés pour se redéfinir collectivement et constituer ce qu’on appelle encore, faute de mieux, une « société distincte ». Pour certains, ces efforts ont été liés au rêve d’indépendance. Pour d’autres, le maintien d’une société distincte dépendait d’un autre rêve, celui d’un Québec véritablement autonome dans un Canada renouvelé. Aujourd’hui, ni l’un ni l’autre de ces rêves ne semble destiné à se matérialiser dans un avenir prévisible, mais, qu’on l’appelle nation ou pas, la société québécoise doit conserver son caractère distinct, qui s’avère un atout au jeu de la mondialisation.
PRENDRE NOTRE PLACE
D’ici le 1er octobre, les Québécois sont en droit d’exiger de leurs partis politiques qu’ils précisent comment ils entendent faire en sorte que le Québec prenne sa place dans le monde. À court terme, il leur faudra expliquer comment ils utiliseront les outils limités d’un gouvernement provincial pour faire face aux défis immédiats, qui ne manquent pas. Il leur faudra aussi préciser comment ils entendent préparer les Québécois aux défis du long terme. On devra parler d’éducation, de recherche, d’infrastructures et de stratégies économiques, mais ce n’est pas tout. Les défis de l’ouverture au monde, qu’il s’agisse de libre-échange ou d’immigration, posent inévitablement la question du genre de société qu’on veut construire, et ces questions ne pourront pas être indéfiniment pelletées en avant.
Bref, les partis auront fort à faire pour expliquer comment le modèle politique qu’ils proposent permettra à la société québécoise miser sur sa distinction pour tirer son épingle du jeu dans le monde incertain de demain.
La clé du succès n’est pas de se fondre dans un moule universel