Le règne de la terreur
Tous les spécialistes le disent et toutes les statistiques le confirment : nous n’avons jamais vécu une période aussi peu violente.
UNE ÉPOQUE PACIFIQUE
Comme l’affirme le Canadien Steven Pinker, chercheur en psychologie cognitive et auteur du best-seller mondial La part d’ange en nous (« le livre le plus inspirant que j’ai jamais lu », selon Bill Gates) : « Il se pourrait bien que nous vivions l’époque la plus pacifique depuis que le genre humain existe. » Oui, je sais. C’est bizarre de lire ce genre de déclarations le lendemain d’une attaque meurtrière à Toronto, en plein procès d’alexandre Bissonnette et pendant que la Syrie est à feu et à sang. Mais c’est la réalité. Le monde n’a jamais été aussi peu violent.
Pourquoi avons-nous l’impression que la violence est partout, alors ? Que nous vivons à une époque hyper dangereuse ?
Probablement parce que l’être humain n’a jamais été exposé à un si grand nombre d’informations.
Le New York Times du dimanche contient plus d’infos que l’homme du XIXE siècle ne pouvait en absorber pendant toute sa vie.
Il n’y a pas plus de crimes qu’avant. Nous sommes tout simplement plus informés des crimes qui se commettent, c’est tout.
Alors, forcément, on pense qu’il y en a plus.
Mais j’ai une autre théorie, que je vous soumets bien humblement, n’étant spécialiste de rien.
Nous avons l’impression de vivre à une période hyper violente, car la violence est aléatoire.
Elle frappe sans logique, au hasard.
FRAPPER AU HASARD
La violence est arbitraire, capricieuse, gratuite, injustifiée.
Les guerres traditionnelles avaient une logique.
À l’époque de Napoléon, ça se déroulait même comme une partie de ballon-chasseur.
Deux armées alignées l’une devant l’autre. La première tirait. La seconde répliquait. La première tirait à son tour, etc.
C’était hyper organisé. Comme un tir de barrage au hockey ou au soccer. Tout juste s’il n’y avait pas un arbitre avec un sifflet.
Mais aujourd’hui, il n’y a plus de logique.
Il n’y a même plus d’armée ou d’uniforme.
La mémé ou la fillette que vous croisez au marché peut porter une bombe sous sa jupe.
Avant, l’ennemi était facilement identifiable. Plus maintenant. C’est votre voisin, votre employé. Même plus besoin d’un tank portant les couleurs d’un pays pour écraser des gens : un camion suffit.
On ne frappe plus des ennemis, des adversaires ou des combattants, mais des innocents, des gens ordinaires, choisis au hasard.
Avant, même la guerre était régie par des règlements, des lois, des traités. Plus maintenant. Aujourd’hui, c’est « free-for-all ». Tous les coups sont permis.
Vous pouvez même attacher une bombe sur un enfant de six ans et la faire exploser à distance.
LES YEUX FERMÉS
Aujourd’hui, on part en voyage et on se demande : « Devrais-je ou non visiter tel ou tel monument ? Tout à coup… ? »
On ne sait plus. Ça peut frapper n’importe où et à n’importe quel moment de la journée.
Veut, veut pas, cela vous joue dans la tête.
La violence est arbitraire, capricieuse, gratuite, injustifiée.
On frappe dans le tas, les yeux fermés. Des vieux, des enfants, des malades, on s’en fout. Il n’y a plus d’honneur. Que de la terreur. On ne frappe plus pour gagner. Juste pour faire peur.