Le pot en bourse inquiète
Desjardins et la TD ne recommandent pas les actions de producteurs de cannabis
Ne soyez pas surpris si votre conseiller financier ne vous a pas proposé d’investir dans l’industrie du cannabis, pourtant en pleine ébullition : plusieurs banques préfèrent s’en tenir loin pour l’instant.
« Le secteur du cannabis ne fait pas partie des titres que l’on recommande à moins d’une demande spécifique du client, indique au Journal Chantal Corbeil, porte-parole de valeurs mobilières Desjardins. Nous attendons que le cadre législatif et les règles soient précisés avant de nous positionner définitivement. »
La Banque TD interdit carrément à ses conseillers financiers de recommander des titres de producteurs de pot à leurs clients, sauf ceux du géant Canopy Growth et de deux petites firmes.
« C’est un dossier en cours d’évolution qui a des ramifications juridiques aux États-unis, a précisé une porte-parole de la TD, Emily Vear, au Globe and Mail. Nous restreignons donc nos conseillers dans leurs interactions avec leurs clients en ce qui a trait à l’acquisition d’actions de certaines organisations du secteur du cannabis ayant des activités aux États-unis. »
Certains États, dont le Colorado, ont légalisé le cannabis récréatif, mais cette drogue demeure illégale pour le gouvernement fédéral américain. Depuis février, les autorités provinciales obligent toutes les entreprises canadiennes cotées en bourse à divulguer leurs activités en lien avec l’industrie du cannabis aux États-unis.
TROP CHER
Certains courtiers n’ont pas de politique déterminée concernant le cannabis. « Notre position, c’est qu’on ne donne pas de directives aux conseillers financiers parce qu’ils sont indépendants », affirme Mathieu Foucher, porte-parole du Groupe financier PEAK.
« Je ne suis pas restreint, mais si on me restreignait, ça ne me dérangerait pas pantoute, lance quant à lui Pierre Lesage, conseiller affilié à la Financière Banque Nationale. Je ne recommande pas du tout ces titres-là. Je pense que c’est beaucoup trop cher présentement. »
Depuis l’élection du gouvernement Trudeau, à l’automne 2016, la valeur boursière des producteurs de cannabis a explosé, créant au passage au moins 77 millionnaires. Mais depuis les sommets enregistrés en janvier, les actions du secteur ont chuté.
INDUSTRIELLE ALLIANCE
Jusqu’ici, les institutions financières québécoises se sont montrées très frileuses face au cannabis. Mais l’automne dernier, l’assureur Industrielle Alliance s’est lancé en participant comme courtier à une émission d’actions de 60 M$ d’aurora Cannabis, le deuxième producteur en importance au Canada. L’entreprise de Vancouver exploite actuellement deux usines de pot, dont une située à Pointe-claire.
La Banque de Montréal et des institutions financières de plus petite taille comme Canaccord Genuity ont également contribué au financement de producteurs de cannabis au cours des dernières années.