Les inséparables
Un dialogue amusant et audacieux entre un homme et son pénis
L’idée de monter une pièce de théâtre qui met en scène un homme et son pénis peut, d’entrée de jeu, sembler tout à fait étrange. Et pourtant, c’est ce qu’a fait, avec audace, le Néo-zélandais Dean Hewison avec Conversation avec mon pénis.
Dès les premières secondes de l’adaptation québécoise de cette pièce, à l’affiche jusqu’à samedi à Premier Acte, avec l’ensemble des représentations présentées à guichet fermé, on ne peut pas faire autrement que de sourire, rigoler ou éclater de rire.
L’apparition de la comédienne Mary-lee Picknell, à l’intérieur d’un hilarant et impossible costume qui représente le sexe masculin, au son de The Winner
Takes it All d’abba, donne le ton. Un pénis qui parle, boit du café et de la bière, mange une pomme et qui lit même le journal. Il est aussi amusant et très intéressant de voir une femme dans ce rôle et dans ce costume. Surréel.
On réalise que ça va être drôle, fou, pas du tout sérieux, absurde et même fortement débile par moments. Et c’est le cas.
DES DÉSACCORDS
Conversation avec mon pénis est une discussion, à travers différents moments de leurs vies, entre Tom et son inséparable compagnon. La mise en scène de David Strasbourg est sobre et laisse toute la place aux deux comédiens.
On passe à travers la puberté et tout ce que cela comporte, les conquêtes multiplications, les questions d’identité sexuelle, de performance, de grandeur et de grosseur, l’infidélité, les maladies transmises sexuellement et la vieillesse.
Tom, interprété par Marc-andré Thibault, et son organe n’ont pas toujours une vision semblable des choses. Il y a des désaccords et ils s’obstinent. « J’ai honte de toi parce que tu es trop petit », lance un Tom, tout découragé, à l’endroit de son ami.
RÉALITÉ MASCULINE
L’accusant d’être à l’origine d’une infidélité commise dans les toilettes d’un bar, alors qu’il est en couple, Tom se fait remettre à sa place.
« Le sexe est ma motivation première, et toi, c’est le combat moral », lui fait remarquer son pénis, précisant que ça ne serait jamais arrivé s’il n’avait pas été en état d’ébriété.
Mary-lee Picknell réussit un tour de force en livrant son texte dans un tel accoutrement et sans jamais décrocher.
À travers les épisodes souvent drôles et complètement loufoques, la pièce aborde aussi, habilement, des situations un peu plus délicates et qui témoignent de certaines réalités masculines. Non, ce n’est pas toujours amusant d’être un pénis.
Surtout lorsqu’il se fait coincer dans une fermeture éclair ou à la suite d’un coup de pied dans les couilles.
Au-delà de l’aspect curiosité et un tantinet voyeur, amené par le titre, Conversation avec mon pénis est une belle incartade amusante dans une saison de théâtre où les drames sont souvent nombreux. On rigole, et le tout, même si certains passages sont parfois très crus, est fait sans vulgarité. La pièce est, en plus, originale, bien écrite et bien construite.