Les infirmières ne soignent pas la moitié du temps
Débordées par d’autres tâches
Les infirmières consacrent seulement la moitié de leur temps de travail à prodiguer des soins, parce qu’elles croulent sous des tâches administratives et des travaux d’entretien ménager qui devraient être accomplis par d’autres corps de métier.
En effet, seuls 53 % de leur quart de travail est consacré à leur champ d’expertise, selon des chiffres fournis par l’ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). Une situation qui « n’est pas très souhaitable », dit sa présidente, Lucie Tremblay.
« Quand on utilise bien l’expertise de l’infirmière, ç’a des résultats positifs pour la clientèle », fait-elle valoir. Elle cite, par exemple, une réduction des erreurs de médicaments, du nombre de chutes et des infections contractées à l’hôpital.
« À l’inverse, quand on sous-utilise les connaissances et les compétences des infirmières, ç’a des répercussions sur la satisfaction au travail, de même que sur le recrutement et la rétention des infirmières », dit la présidente de l’ordre.
CHSLD
Les propos de la présidente de L’OIIQ rejoignent les résultats d’une étude menée par Philippe Voyer, professeur titulaire à la Faculté des sciences infirmières de l’université Laval, sur la situation dans les CHSLD.
Celui-ci observait dans une étude publiée en 2016 que les infirmières consacrent 46 % de leur temps de travail à des activités non cliniques.
Les tâches administratives occupent la majeure partie des activités connexes des infirmières en CHSLD. Elles y consacrent 18 % du temps total passé au travail.
Ces activités, écrit le chercheur, « devraient normalement être exercées par une infirmière auxiliaire, un PAB [préposé aux bénéficiaires] ou un autre membre de l’équipe de soins ».
Toutefois, à 54 % du temps consacré à leur champ d’expertise, les infirmières ont déjà vu une amélioration par rapport à 2009, alors qu’elles n’y consacraient que 45 % de leur temps de travail.
TÂCHES CONNEXES
Les infirmières en CHSLD sont responsables de plusieurs étages, souligne Jérôme Rousseau, vice-président, organisation du travail et pratique professionnelle, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).
« Donc, elles doivent s’occuper des commandes de matériel, faire la révision des quotas, répondre au téléphone, faire des tâches de secrétariat, énumère-t-il. Ce sont des choses qui n’ont aucun rapport avec les soins cliniques à donner aux patients. »