ARME DE FORTUNE
La deuxième semaine débute avec une classe de 6e année en co-enseignement, ce qui signifie que deux groupes et deux enseignants se retrouvent dans le même local. Les élèves sont courtois, allumés et travaillants. Une journée de répit avant le pire remplacement de ma courte carrière.
Deux classes d’arts plastiques en 3e secondaire tournent au cauchemar : insolence, insultes de toutes sortes, non-respect des règles, refus d’obtempérer. Dès que j’ai le dos tourné, une élève fabrique un « pic » avec un couteau à lame rétractable et un outil de bois pour le travail sur argile. L’objet pointu pourrait blesser quelqu’un. « Touchez madame », lance-t-elle en me pointant de manière répétée avec son arme de fortune ( voir laphotoci-dessus).
Devant mon air affolé, elle continue son geste en riant : « Ben voyons, je ne vous ferai pas mal, je ne vous blesserai pas. » Je réussis à lui retirer des mains, abasourdie.
La période est pénible, le local est un fouillis et les étudiants sont désorganisés. Trop occupée à « faire la police », quatre élèves profitent de mon inattention pour quitter la classe avant la fin du cours. Je tente de trouver de l’aide, mais il n’y a aucun surveillant dans les corridors.
Je suis laissée à moi-même, ce qui ne sera pas la première fois. Selon le personnel et les élèves, je fus la quatrième remplaçante depuis le début de l’année.