Le Journal de Quebec

Porter le lourd chapeau de la responsabi­lité

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je suis une femme de 49 ans, bientôt 50, mère de deux enfants : un fils de 15 ans et une fille qui en a 13. Mes deux enfants sont nés de mes deux premières relations qui se sont terminées par des ruptures initiées par moi-même. Des ruptures dramatique­s, comme l’avaient été mes relations, marquées au sceau de l’alcool, de la toxicomani­e et de la violence.

Mes enfants et moi traversons une passe très difficile parce que je viens de quitter un troisième compagnon pour abus physique envers ma fille. Autrement dit, encore une fois ils se voient privés d’un pôle d’équilibre masculin parce que leur mère ne sait pas choisir le bon compagnon. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je m’en veux, car je crois que cela déteint sur le comporteme­nt de mes enfants qui me manquent de respect et qui ne perdent pas une occasion de me frapper comme le faisaient leurs pères.

Dire que j’avais rêvé d’une vie de famille douillette et calme, moi qui avais vécu une enfance malheureus­e dans une famille dysfonctio­nnelle. J’ai échoué sur tous les plans et je trouve ça tragique. La seule chose qui tienne dans ma vie, c’est ma carrière d’infirmière dans laquelle j’excelle, et la capacité que j’ai toujours eue de soutenir financière­ment notre vie en dépit de l’absence physique et monétaire des pères de mes enfants.

Ce qui m’amène à vous écrire, c’est que mes enfants sont tous deux menacés d’expulsion dans les institutio­ns scolaires qu’ils fréquenten­t. Je suis face à un mur avec eux. Ils ne m’écoutent jamais, me contestent sans arrêt et me traitent comme si j’étais leur servante. Pas moyen de mettre les pères à contributi­on, je ne sais même pas où ils sont. Ma famille est inapte à me soutenir et à m’aider.

Heureuseme­nt que la DPJ, partie prenante au dossier, nous a assigné une travailleu­se sociale pour faire un suivi. Mais en dehors des séances de thérapie avec une psychologu­e, les enfants continuent de me maltraiter comme si j’étais leur

punching bag. Vous allez me dire que je mérite mon sort avec la vie familiale que je leur ai imposée, mais il y a quand même une limite ! Je suis perdue. Une mère à la dérive

À sa face même, votre situation (et celle de vos enfants) est inquiétant­e. Mais si vous preniez une chose à la fois, vous verriez qu’il y a certains aspects positifs sur lesquels vous pourriez tabler pour cesser de culpabilis­er ainsi. Car pendant que vous culpabilis­ez vous ne vous occupez pas des choses importante­s à faire avec vos enfants : soit de les éduquer au respect.

Comment vouliez-vous avoir en main les outils nécessaire­s pour bien jouer votre rôle d’éducatrice avec le genre d’enfance que vous me semblez avoir eue ? On ne peut donner que ce qu’on a acquis, ma chère. Mais en dépit de ce côté négatif il y en a un positif. Vous les avez toujours soutenus humainemen­t et matérielle­ment. Ce qui n’est pas rien.

Votre grande culpabilit­é par contre a certaineme­nt joué un rôle négatif dans leur formation. Comme vous les pensiez malheureux à cause de vous, vous avez certaineme­nt omis de leur mettre les limites dont ils auraient eu besoin pour se structurer. Comme dans un cercle vicieux, votre culpabilit­é vous a mené vers le gouffre dans lequel vous êtes présenteme­nt.

J’espère que vous aurez la franchise d’informer de tout cela la travailleu­se sociale de la DPJ qui suit vos enfants. Il y aurait lieu également de réclamer une thérapie familiale pour pouvoir évoluer tous trois au même rythme. Rien n’est jamais définitif avec les enfants, pour peu qu’on leur donne l’aide nécessaire pour se redresser. Et cette aide vous est tout aussi nécessaire qu’à eux, vu que dans une famille, on est dans un processus de vases communican­ts. Bonne chance !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada