Réussir nos crises
Dans une société portée sur l’autodénigrement, souligner les 20 ans du grand verglas nous rappelle qu’en matière de gestion de crise, le Québec sait faire.
Avec le recul, les acteurs de ces événements marquants s’expriment sur ce qui aurait permis d’éviter la crise et ce qui fut fait pour qu’elle ne se reproduise pas. Il n’empêche que, dans le contexte, les autorités ont su s’organiser pour réagir au mieux, les premiers répondants se sont sacrifiés au-delà du raisonnable et les Québécois ont fait preuve d’une émouvante solidarité.
LE QUÉBEC EST MEILLEUR QUE ÇA
Qu’il s’agisse du verglas, du déluge du Saguenay un an et demi plus tôt ou, plus récemment, de la tragédie ferroviaire de Lac-mégantic, nous avons fait tout ce qui pouvait être fait pour réparer ce qui ne pouvait l’être complètement. C’est pourquoi le cafouillage survenu sur l’autoroute 13 l’hiver dernier nous choque autant ; nous savons que le Québec est meilleur que ça.
On a senti que le gouvernement s’était mobilisé davantage au printemps pour faire face aux inondations, mais les délais qu’affrontent certains sinistrés pour retrouver leur résidence ne nous font pas honneur.
TRÊVE POLITIQUE
Évidemment, Lucien Bouchard le rappelait récemment dans L’actualité, la crise du verglas avait ouvert une trêve politique. Daniel Johnson, le chef de l’opposition d’alors, lui avait offert toute sa collaboration.
Difficile d’imaginer la même chose ne serait-ce qu’un an après, Jean Charest l’ayant remplacé. Encore aujourd’hui, on se demande si les partis d’opposition se montreraient aussi conciliants avec le gouvernement. Les radios chercheraient des coupables et les réseaux sociaux s’enflammeraient.
C’est pourquoi il est important, à l’occasion de cet anniversaire, de se rappeler que le Québec a su développer une belle expertise en matière de gestion de crise et – surtout – le nécessaire sens de l’état qui aura permis de le faire.