Des milliers d’étudiants dans les rues de Barcelone
BARCELONE | (AFP) Des dizaines de milliers de collégiens et d’étudiants en grève ont manifesté hier dans le centre de Barcelone pour défendre le référendum d’autodétermination que les dirigeants séparatistes de la Catalogne veulent organiser dimanche, en dépit de son interdiction.
Les jeunes se sont donné rendez-vous devant l’université de Barcelone, un bâtiment historique du centre de la ville de Gaudi, sur fond de tensions exacerbées entre Madrid et les autorités régionales à trois jours du scrutin.
« Nous voterons ! Indépendance ! » ont scandé les manifestants. Ils étaient près de 16 000, selon la police, et 80 000, selon les organisateurs. Ils se sont dispersés en fin de journée sans incident.
CRISE POLITIQUE
L’espagne, historiquement exposée à l’indépendantisme d’une partie de la société au Pays basque, vit depuis le début du mois de septembre sa pire crise politique en presque 40 ans, de l’avis de tous ses dirigeants.
Le 6 septembre, le Parlement catalan a voté une loi pour organiser ce référendum malgré son interdiction par la Cour constitutionnelle, arguant du fait que les indépendantistes le réclament depuis 2012.
Le gouvernement régional catalan dirigé par Carles Puigdemont va de l’avant, malgré les nombreux avertissements des autorités. « Nous irons jusqu’au bout », a-t-il affirmé au cours d’une réunion avec des représentants des centres scolaires où pourraient se trouver les bureaux de vote, assumant devant eux « toute la responsabilité » de l’organisation du référendum avec son gouvernement.
Depuis des semaines, il joue au chat et à la souris avec les autorités pour cacher les urnes, les bulletins ou encore ouvrir des sites internet où les électeurs peuvent consulter l’adresse de leur bureau de vote.
PERQUISITIONS
Les autorités ont de leur côté multiplié les perquisitions et les menaces de sanctions. Hier, la Garde civile a saisi 2,5 millions de bulletins de vote et quatre millions d’enveloppes dans un entrepôt à Igualada, à proximité de Barcelone. Elle a aussi trouvé une centaine d’urnes, mais on ignorait si celles-ci ont vraiment un lien avec l’organisation du scrutin.
Même si la population de la Catalogne est divisée sur l’indépendance, la majorité des habitants souhaite un référendum légal. À l’instar du défenseur du FC Barcelone Gerard Piqué, qui a appelé à s’exprimer « pacifiquement ».
Mais le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy et la justice sont décidés à l’interdire, quitte à faire bloquer l’accès aux bureaux de vote par les forces de l’ordre massivement déployées dans la région, avec plus de 10 000 policiers et gardes civils en renfort.
Deux experts de L’ONU ont demandé à Madrid de faire preuve de prudence.
« Indépendamment de la légalité du référendum, les autorités espagnoles ont la responsabilité de respecter des droits essentiels pour les sociétés démocratiques », ont affirmé David Kaye, rapporteur spécial pour la promotion du droit à la liberté d’opinion et d’expression, et l’expert indépendant Alfred de Zayas.