Sergachev simplifié
L’espoir du Canadien est revenu à ses bonnes habitudes à la Coupe Memorial
WINDSOR | Après une série éprouvante contre les Knights de London il y a un mois et demi, Mikhail Sergachev a simplifié son jeu au tournoi de la Coupe Memorial.
Le brillant espoir du Canadien a retrouvé ses repères, lui qui a connu certaines difficultés au premier tour éliminatoire dans la Ligue de l’ontario à la fin de mars. Il avait marqué un but et récolté trois points en sept matchs face aux coriaces Knights, tout en présentant un «rafraîchissant» différentiel de -6 en ce début de printemps.
Ce n’était pas dans les habitudes du choix de première ronde, 9e au total, du Tricolore, à l’encan 2016. Après son aventure à Montréal, qui s’était terminée à la fin octobre avec quatre matchs de la LNH derrière la cravate, Sergachev avait récolté 43 points en 50 rencontres à sa deuxième campagne en Ontario dans l’uniforme des Spitfires. Il avait du même coup conservé un différentiel de +22.
Il s’est toutefois ensuite cassé la tête en séries. Utilisé à toutes les sauces, il a voulu trop en faire en oubliant l’essentiel: jouer sans arrière-pensée. Il a accordé une grande importance à son jeu en zone défensive alors qu’il se veut un arrière habile en territoire ennemi. Il n’a pu mettre ses forces à exécution autant qu’il l’aurait désiré. Les Max Jones, Mitchell Stephens, Janne Kuokkanen et Robert Thomas lui ont mené la vie dure près de son filet.
AUCUN REPROCHE
«Comme je jouais toujours contre le premier et deuxième trio des Knights, je ne pouvais pas autant me porter à l’attaque. Il fallait absolument que je sois responsable défensivement. Quand je montais la rondelle en zone adverse, il fallait que je revienne aussitôt. Je devais donc penser davantage à l’aspect défensif du jeu, a expliqué le sympathique défenseur russe, en entrevue avec le Journal, hier.
«Quand je ne peux pas me porter en attaque, j’ai tendance à devenir un peu plus frustré, a poursuivi celui qui a écopé de 10 minutes de pénalités face aux Knights. Ce n’est pas tout à fait mon style de jeu, mais je suis toujours conscient que je dois travailler sur cet aspect.»
Son entraîneur, Rocky Thompson, n’a rien à lui reprocher puisqu’il l’employait pendant près de 35 minutes par match. Surutilisé, Sergachev tirait parfois un peu de la langue.
«Je ne peux pas être déçu de ses performances, il a multiplié les minutes sur la glace. Je l’ai constamment utilisé en fin de match quand on tirait de l’arrière, a noté le pilote des Spits.
«C’est vrai qu’il était moins offensif qu’en saison régulière. Normalement, il provoquait plus de choses à l’attaque, donc il pouvait terminer avec un différentiel positif. Mais il n’a jamais présenté des signes inquiétants.»
Sergachev a entre autres vu les Knights marquer trois buts dans des filets déserts au fil de cette confrontation de premier tour, ce qui n’a donc pas embelli sa fiche personnelle.
Cette élimination hâtive lui a néanmoins appris à rester dans le moment présent et à simplifier son jeu. «Je ne dois pas essayer de tout faire. En me concentrant surtout sur mon jeu défensif, je crois que je me suis tiré dans le pied. Je dois simplement garder la tête froide et jouer avec intensité.»
En s’appliquant ainsi sur son jeu en zone défensive, il essaie de satisfaire aux demandes du Canadien, qui y avait décelé certaines faiblesses. Il avait également travaillé cet aspect au Championnat du monde junior, cet hiver, alors qu’il portait les couleurs de la Russie.
DANS LA BONNE CHAISE
Le début du tournoi de la Coupe Memorial a sonné le retour au jeu du grand Logan Stanley, un maillon important à la ligne bleue des Spitfires. L’espoir des Jets de Winnipeg était à l’écart du jeu depuis la mijanvier en raison d’une blessure au genou. Sergachev a ainsi pu reprendre son poste dans l’échiquier de Rocky Thompson.
«Je ne peux pas dire qu’il a changé son jeu, mais il l’a simplifié. Dans le match d’ouverture, il a été solide. Il a joué avec hargne et il a bougé la rondelle avec efficacité en soutenant l’attaque. Le retour de Stanley dans la formation a fait en sorte qu’on a coupé un peu son temps d’utilisation et ç’a paru. Il a pu garder une meilleure cadence à chacune de ses présences.»
Cette expérience additionnelle dans son carnet de route lui sera bénéfique au camp d’entraînement du CH, l’automne prochain. L’état-major était justement présent, hier soir, à Windsor. Marc Bergevin, Claude Julien, Martin Lapointe et cie l’avaient à l’oeil, sans oublier Jeremiah Addison.