Le Journal de Quebec

L’élection qui n’en finit plus

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L’élection américaine de 2016 est revenue au coeur de l’actualité cette semaine. On souhaitera­it pouvoir tourner la page, mais si on n’arrive pas à bien comprendre ce qui s’est passé, on risque de ne jamais s’en sortir.

L’élection de 2016, c’est un peu comme le Jour de la marmotte, ce film où Bill Murray était condamné à revivre une journée qui n’en finit jamais de recommence­r.

On en a eu un nouvel exemple cette semaine, alors qu’hillary Clinton a attribué sa défaite à l’interventi­on du directeur du FBI, James Comey, juste avant le témoignage de ce dernier au Sénat et juste après la diffusion d’une publicité électorale de Donald Trump pour 2020.

On en voit aussi des échos en France, à la veille d’une élection où le Front national, même s’il n’accède pas à la présidence, aura fait des progrès énormes.

LA CAMPAGNE PERPÉTUELL­E

Donald Trump ne se lassera jamais de revivre la campagne qui l’a mené à la victoire. Pour célébrer ses 100 jours à la Maison-blanche, il s’est même payé une publicité électorale qui nous replonge dans ses thèmes de 2016.

En poste comme en campagne, Donald Trump ne cherche pas à étendre ses appuis, mais plutôt à consolider sa base, notamment en l’isolant dans une bulle partisane imperméabl­e aux faits.

C’est pourquoi la diabolisat­ion des médias et le tribalisme partisan res- tent au coeur de son discours, comme si sa présidence n’était qu’un prolongeme­nt de la campagne de 2016.

LES EXCUSES DE CLINTON

Pour gagner en 2020, les démocrates devront d’abord comprendre les raisons profondes de leur défaite. D’où l’importance de la sortie récente d’hillary Clinton, qui attribue son revers à l’incursion du directeur du FBI dans la campagne à quelques jours du vote.

Cette interpréta­tion n’est pas fausse, car une bascule d’un point de pourcentag­e dans trois États aurait pu inverser l’issue du vote. Les choses auraient sans doute été différente­s si James Comey avait aussi révélé qu’il enquêtait sur les liens entre l’équipe Trump et la Russie.

Les démocrates comptent sur cette affaire pour marquer des points, mais ça ne suffira pas. Ça ne suffira pas non plus de mettre tout le blâme sur Clinton.

L’URGENCE DE COMPRENDRE

Même si Clinton avait gagné de justesse, les sources du «trumpisme», apparentée­s à celles du Brexit, du Front national et d’autres mouvements du genre, ne se seraient pas dissipées.

Pour les démocrates américains, comme pour tous ceux qui s’opposent au populisme démagogiqu­e, le défi est double. D’abord, ils doivent démontrer une réelle écoute des laissés-pour-compte de la mondialisa­tion, qui sont une cible trop facile pour les démagogues.

Ensuite, ce qui est plus difficile, ils devront parvenir à restaurer un climat démocratiq­ue sain où les campagnes axées sur les divisions, la peur et le mensonge sont vouées à l’échec.

Tant que ce ne sera pas fait, aux États-unis comme ailleurs, l’élection américaine de 2016 ne sera pas vraiment finie.

Donald Trump ne se lassera jamais de revivre la campagne qui l’a mené à la victoire.

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@ Pmartin_udem Pierre Martin

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