Le Journal de Quebec

Le PQ et les minorités : à qui la faute ?

Mathieu Bock-côté eblogueur au Journal

- Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com @mbockcote

La publicatio­n du rapport final de Paul St-pierre Plamondon, qui veut réinventer le PQ, a permis aux médias de reprendre un procès qu’ils aiment faire aux souveraini­stes.

Essentiell­ement, on soutient que le PQ aurait de grands devoirs à faire pour gagner le vote des électeurs issus de la «diversité».

Cette vision des choses repose sur un présupposé: si les immigrés ne votent pas pour le PQ, c’est parce que ce dernier ne s’intéresse pas assez à eux et qu’il aurait une vision fermée du Québec.

INDIFFÉREN­CE

En gros, le PQ n’aurait que lui-même à blâmer pour l’indifféren­ce ou même l’hostilité qu’il suscite dans les communauté­s culturelle­s. On connaît la chanson. On ajoute généraleme­nt que l’épisode de la charte des valeurs aurait éloigné les communauté­s culturelle­s du PQ, comme si elles en étaient proches avant.

Aurait-on oublié qu’elles le boudent depuis ses origines?

Est-ce à cause de la charte des valeurs de 2013 qu’elles ont massivemen­t voté non à l’indépendan­ce lors du référendum de 1995?

Il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles.

Cette tentative de culpabilis­ation est agaçante.

C’est oublier une chose: depuis sa fondation, le mouvement souveraini­ste a cherché à gagner l’appui des minorités.

On parle souvent du député et poète Gérald Godin, comme s’il était le seul à avoir voulu réconcilie­r les immigrés et la souveraine­té. C’est faux. Ils furent très nombreux. Le premier d’entre eux fut le fondateur du PQ, René Lévesque.

Le résultat a toujours été à peu près le même: minuscule. Cela ne veut pas dire qu’aucun immigré ne s’est rallié au PQ. Évidemment pas.

Cela ne veut pas dire que le PQ ne doit pas faire tout ce qu’il peut pour gagner les néo-québécois à l’indépendan­ce. Naturellem­ent. Mais la tendance lourde est claire. Soyons audacieux. On pourrait retourner la question. Qui est fermé à qui?

Un vote aussi massif, presque soviétique, contre les souveraini­stes et les aspiration­s historique­s du Québec francophon­e n’est-il pas animé plus ou moins consciemme­nt par un «rejet de l’autre»? Sauf que l’autre, dans les circonstan­ces, c’est nous.

REJET ?

Évitons les leçons de morale. Les immigrés qui arrivent ici viennent au Canada et pas spécialeme­nt au Québec. Ils ont l’impression de rejoindre un pays universell­ement désiré qui leur vend le rêve canadien.

Pourquoi seraient-ils tentés d’embrasser la cause d’une province séparatist­e, alors que les francophon­es eux-mêmes sont fatigués politiquem­ent au point de ne plus désirer rien d’essentiel. On les comprend. La seule manière de les convaincre de rejoindre le camp souveraini­ste, c’est de refuser de les cantonner dans leur identité d’immigrés pour en faire des Québécois pleinement intégrés à la majorité historique francophon­e, et disant «nous» avec elle.

Pour cela, il faut des politiques identitair­es fortes, à la fois sur le plan de la langue française et sur celui de la laïcité.

C’est exactement le contraire de ce que propose le système médiatique.

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Paul St-pierre Plamondon, qui veut réinventer le PQ, a remis un rapport dans lequel on indique que son parti aura de grands devoirs à faire pour gagner le vote issu de la «diversité».
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