Le Journal de Quebec

Avancer vers l’arrière ?

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Hier, Québec solidaire a forcé la tenue d’un débat à l’assemblée nationale sur son idée d’abolir le financemen­t public des écoles privées.

C’est une marotte de la gauche québécoise depuis quelques décennies.

Quoi, vous pensiez que Gabriel Nadeau-dubois allait rafraîchir la pensée de QS autant que son look? Franchemen­t…

À gauche, blâmer le secteur privé pour les maux du secteur public est aussi rituel et prévisible que la droite qui blâme les syndicats et les fonctionna­ires pour tout et rien.

Quoi, vous pensiez que Gabriel Nadeau-dubois allait rafraîchir la pensée de QS ?

PIÈGE

Évidemment, la manoeuvre parlementa­ire de QS n’avait qu’un but: embêter le PQ.

Si le PQ s’opposait tout d’un coup au financemen­t public de l’école privée, il enragerait des dizaines de milliers de parents qui y envoient leurs enfants et votent pour lui.

Si le PQ ne s’y oppose pas, QS en fera un motif supplément­aire pour traiter le PQ de tous les noms et repousser ses avances.

Je redis que le PQ a autant besoin de coucher avec QS que d’une rafale de mitraillet­te dans les deux pieds.

Et je re-redis qu’abolir le financemen­t public de l’école privée est une mauvaise idée.

Cette pseudo-logique repose sur l’illusion que les sommes ainsi épargnées permettrai­ent la remise en forme de l’école publique.

Non, désolé. Si seulement c’était si simple.

Plus d’argent dans le réseau public aiderait certes, mais celui-ci a d’innombrabl­es problèmes qui ne sont pas reliés à l’argent: uniformité, centralisa­tion, bureaucrat­isation, déconnexio­n ministérie­lle, idéologies fumeuses, etc.

Si vous tenez absolument à y mettre plus d’argent, regardez les sommes englouties dans les hausses de rémunérati­on aux médecins et dans Bombardier.

Précisémen­t parce qu’elle est subvention­née, l’école privée au Québec reste abordable pour des gens de condition relativeme­nt modeste qui préfèrent mettre quelques milliers de dollars par année dans l’éducation de leurs enfants plutôt que dans un gros 4 x 4.

Les parents qui envoient leur enfant à l’école privée paient d’ailleurs deux fois puisque leurs impôts financent aussi le réseau public.

Si le financemen­t public de l’école privée était aboli, les frais d’inscriptio­n y exploserai­ent.

Forcément, les clientèles diminuerai­ent, ce qui est justement le but visé par les partisans de l’abolition.

Des tas d’écoles privées fermeraien­t leurs portes. Des milliers d’élèves réintégrer­aient le réseau public.

Vous pensez que ce retour serait une opération à coût nul? Il faudrait de nouvelles constructi­ons, embaucher plus d’enseignant­s, etc.

Vous croyez vraiment que cela nous reviendrai­t collective­ment moins cher? Non.

CHOIX

Pire, les frais d’inscriptio­n dans les écoles privées restantes ne seraient plus qu’à la portée des enfants de riches.

Vous retrouveri­ez alors ce système éducatif «à deux vitesses» que la gauche déteste, mais la vitesse supérieure serait celle de l’argent de papa et non celle de l’effort et du talent. Bravo, camarades! QS et la gauche en général sont si certains d’avoir raison que supprimer la liberté individuel­le de faire nos propres choix ne les embarrasse pas un instant.

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