Desmarais Jr voulait protéger des moutons invisibles
Il tentait de faire élever un mur devant son domaine
GEORGEVILLE | L’homme d’affaires Paul Desmarais Jr voulait aménager une clôture antibruit de quatre mètres de haut devant une de ses propriétés pour ne pas stresser des moutons. Or, il n’y a aucun mouton sur sa terre.
Paul Desmarais Jr possède une ferme de 127 hectares à Georgeville en Estrie d’une valeur de 15 millions $ pour laquelle il a adressé une demande à la Commission de la protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) afin d’y aménager deux remblais antibruit de quatre mètres de haut avec un empattement de 15 à 20 mètres de large.
Ils auraient longé le chemin Georgeville, près des rives du lac Memphrémagog, dans des endroits non cultivables.
Dans sa requête, le président de Power Corporation disait vouloir contrer le bruit sur son vaste domaine.
L’homme d’affaires disait être inquiet du stress que subiraient ses moutons en raison du bruit lié à la circulation. Il pointe surtout le passage des camions et l’usage des freins Jacob.
PAS DE PASSE-DROIT
Or, sa demande a été refusée par la commissaire, Me Hélène Lupien, le 31 janvier puisqu’il n’y a aucun mouton sur sa terre. Donc il ne risque pas de subir du stress. La commissaire a qualifié l’usage demandé comme de «l’accessoire résidentiel», d’autant plus qu’aucun élevage n’y a lieu présentement.
En outre, la commissaire craint que si elle accepte une telle demande, plusieurs autres résidents de ce secteur cossu exigent à leur tour d’immenses murs devant leur propriété, alors que la circulation n’y est pas très grande. Pendant le passage du Journal hier, une voiture passait toutes les deux minutes en moyenne.
La vitesse permise sur le chemin Georgeville à la hauteur de la ferme de M. Desmarais Jr est de 50 km/h. La propriété est située dans une pente ayant 10 % d’inclinaison.
Finalement, la CPTAQ déplore que les murs antibruit demandés n’aient aucune fonction agricole.
PLUSIEURS PROPRIÉTÉS
M. Desmarais n’a donc obtenu aucun passedroit, en dépit des millions qu’il ne cesse d’investir en immobilier sur les rives du lac Memphrémagog.
Selon l’hebdomadaire Le Reflet du lac, l’homme d’affaires et sa conjointe Hélène Blouin détiennent plusieurs propriétés estimées à 48 M$ dans le secteur de Georgeville.
Leur superficie totalise 786 hectares, soit l'équivalent de 1455 terrains de football américain.