« Texter » au volant, un geste criminel ?
Des proches de victimes du cellulaire au volant déplorent que leur mort soit trop vite oubliée et qu’on sous-estime ainsi toute l’ampleur de la tragédie qui se joue sur nos routes.
Si la sensibilisation ne fonctionne pas, il est sans doute temps de passer à la répression, disent-ils.
«L’accident de mon fils a fait beaucoup de bruit, on a parlé dans les médias pendant des jours du danger du cellulaire au volant. Depuis, on dirait que tout le monde a tourné la page, comme si les gens avaient déjà oublié mon fils», lance René Lachance.
Son fils Danik est la dernière victime identifiée publiquement d’une distraction causée par un cellulaire. Le mois dernier, à Thetford Mines, le jeune homme de 19 ans a été fauché au bord de la route par un automobiliste qui aurait texté en conduisant.
DES ACCUSATIONS ?
On saura en avril si une accusation de négligence criminelle visera le conducteur de 18 ans. Ce serait la première fois au Québec qu’une personne serait accusée au criminel relativement à l’utilisation de son cellulaire en voiture.
M. Lachance ne cache pas qu’il espère que «ça en fera réfléchir plus d’un».
D’ici là, M. Lachance songe à placarder les rues de Thetford Mines de panneaux avec la photo de son fils, pour s’assurer qu’il ne soit pas oublié. «J’en mettrais où il a eu son accident, mais aussi ailleurs dans la ville. Après, ça ne nous empêche pas d’en mettre partout», a-t-il dit, espérant obtenir les permissions nécessaires pour concrétiser son projet.
PERDRE SON PERMIS
La conjointe d’un camionneur décédé il y a bientôt un an à Laval alors qu’il textait avoue quant à elle être à court d’idées pour raisonner les conducteurs délinquants.
«Avec le temps, je suis plus découragée. Je me demande s’il y a une solution, à part d’être plus sévère», a dit Marie-chantale Daigle, la conjointe de Jimmy Rotondo.
Elle remarque que des proches de Jimmy, secoués par l’accident en mars, utilisent à nouveau leur cellulaire au volant.
«C’est comme s’ils avaient déjà oublié ce qu’il s’est passé», regrette Mme Daigle.
La recommandation de criminaliser le cellulaire au volant du coroner Michel Ferland, qui a enquêté sur le décès de son conjoint, serait pertinente, mais difficile à appliquer, selon elle. «Je trouve plus réaliste de faire perdre davantage de points, pour que les gens craignent de perdre leur permis», at-elle expliqué.
Le coroner Yvon Garneau a souvent suggéré de faire passer à neuf le nombre de points d’inaptitude infligés aux fautifs.