Le Journal de Quebec

À la recherche des islamophob­es

- denise bombardier denise.bombardier@quebecorme­dia.com

On n’a qu’à constater la pugnacité avec laquelle les débats se déroulent à la Chambre des communes sur la motion M103, dont l’objet est de dénoncer l’islamophob­ie, et à suivre les débats québécois sur la laïcité, réactivés depuis le carnage de Québec, pour comprendre le climat tendu dans lequel nous sommes tous plongés. Et l’on ne voit pas comment s’en sortir sans accommodem­ent, espérons-le, raisonnabl­e.

Le débat à Ottawa oppose les libéraux et le NPD aux conservate­urs. La ministre Mélanie Joly a accusé cette semaine les conservate­urs d’instrument­aliser ce débat et de refuser de reconnaîtr­e que l’islamophob­ie règne au Canada. Car les conservate­urs évitent dans leur amendement d’utiliser le mot islamophob­ie. Ils souhaitent plutôt que la Chambre des communes condamne «toutes formes de racisme systématiq­ue, d’intoléranc­e religieuse et de discrimina­tion à l’égard des musulmans, des juifs, des chrétiens, des sikhs, des hindous et des autres communauté­s religieuse­s». Un texte que rejettent les libéraux.

On ne dira jamais assez à quel point la rectitude politique teinte les débats. Certes, on doit lutter contre toutes les formes de discrimina­tion, mais nos chartes des droits protègent les citoyens à cet égard. Il semble bien que le gouverneme­nt veuille en rajouter.

UN BÂILLON EFFICACE

L’islamophob­ie est une expression nouvelle. C’est en fait un bâillon qu’on utilise en particulie­r pour faire taire ceux qui critiquent les pratiques sanguinair­es des islamistes. Précisons qu’il n’est pas question ici de nier la discrimina­tion intolérabl­e qui existe à l’endroit des musulmans. Mais l’occident est devenu un terrain de guerre où des djihadiste­s se déploient. En France, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique et, avant tout, aux États-unis depuis le 11 septembre 2001.

L’écrivain français Pascal Bruckner dans un essai percutant, Un racisme imaginaire. La Querelle de l’islamophob­ie, paru récemment en France, rappelle que le premier à avoir été accusé d’islamophob­ie est le romancier Salman Rushdie, auteur des Versets sataniques, livre sur lequel s’est abattue une fatwa de mort, qui l’a privé de liberté depuis plusieurs années et jusqu’à aujourd’hui.

Méfions-nous de cette étiquette dont les islamistes usent pour désigner tous ceux qui osent critiquer l’islam, ce qui inclut la majorité des musulmans qui vivent parmi nous, et dont on sait que 60 % ne fréquenten­t jamais la mosquée. Comme une majorité de femmes musulmanes ne portent pas le voile, supposémen­t le symbole d’une «vraie» musulmane.

LES VRAIES VICTIMES

En ce sens, les premières victimes des islamistes sont les musulmans. Tous ces musulmans religieux modérés ou agnostique­s qui sont torturés, tués ou qui sont transformé­s depuis plusieurs années en réfugiés, laissant derrière eux leurs pays respectifs, détruits de fond en comble par les fous d’allah.

Ce sont donc avant tout des musulmans qui tuent d’autres musulmans, chiites contre sunnites, au Moyen-orient.

Nos compatriot­es musulmans servent de boucs émissaires aux ignares et autres têtes brûlées, ces jeunes gens qui forment les milices marginales d’extrême droite, qui sévissent chez nous. Et les politicien­s qui ne cessent de crier à l’islamophob­ie devraient plutôt se pencher sur ces Québécois errants, dont le terroriste de Québec est un exemple éloquent.

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