Le Journal de Quebec

Bienvenue au gouverneme­nt

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Isios se concentre sur un appel d’offres de Revenu Québec. M. Diotte estime que sa solution peut remplir les besoins après une rencontre avec l’organisme qui vient d’annuler le même appel d’offres, car les prix soumis étaient trop élevés. Le contexte est donc idéal.

Mais la tempête commence. Ce que le gouverneme­nt exige pour remporter le contrat l’empêche même de songer à s’essayer, dit-il.

D’abord, la certificat­ion de qualité ISO (9001:2008) est exigée, ce qu’isios n’a pas. Or, le gouverneme­nt a luimême annoncé l’an dernier vouloir éviter d’imposer trop de certificat­ion ISO en informatiq­ue pour aider les PME qui n’ont pas toujours les ressources pour obtenir ces attestatio­ns.

Revenu Québec nous réplique que cette norme «est exigée» pour tout contrat informatiq­ue «comportant une dépense prévue égale ou supérieure à 500 000 $».

Or, Serge Diotte explique que sa soumission «n’aurait jamais coûté 500 000 $», mais il se voit forcé d’avoir la certificat­ion quand même.

« IMPOSSIBLE D’INNOVER »

Pour gagner le contrat, il est aussi exigé d’avoir:

√ Un conseiller en architectu­re qui a réalisé «deux mandats» de plus «3000 jours-personnes», ou, pour simplifier, l’équivalent de 3000 journées de travail pour une seule personne. Un des mandats doit avoir été avec le logiciel Isios.

√ Un analyste qui a implanté la solution (Isios) «au sein d’un projet d’envergure similaire au présent projet».

√ Un formateur qui a oeuvré au sein de «deux projets d’envergure similaires».

En d’autres termes, Isios ne peut donc pas décrocher un premier gros contrat, car les clauses exigent qu’il ait déjà gagné un gros contrat.

«Même si ces exigences sont courantes, elles écartent catégoriqu­ement toute innovation ou solution nouvelle. C’est impossible d’innover si on ne peut jamais commencer quelque part, explique Jean-françois Gauthier, président de l’institut de gouvernanc­e numérique du Québec. C’est la routine habituelle, malheureus­ement.»

De fait, seules des firmes d’envergure qui font souvent affaire avec le gouverneme­nt ont soumission­né.

À son grand désarroi, Isios a donc dû abandonner le projet.

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