La Côte-nord y a aussi goûté
Les familles endeuillées de la Côte-nord se sont senties abandonnées, alors que le déluge y a fait plus de victimes qu’au Saguenay
Toujours bouleversés par le décès tragique de quatre membres de leur famille, des gens de la Côte-nord gardent un goût amer envers les Saguenéens et la petite maison blanche.
«J’ai trouvé ça terrible. Chaque fois qu’on montre des images du déluge, ils ne parlent pas de la mortalité sur la Côte-nord. Ils vont montrer leur petite maison blanche. C’est juste ça et ça m’a tellement écoeurée. La petite maison blanche qui est restée debout. Il me semble qu’on devrait plutôt dire qu’il y a des gens qui ont perdu la vie. La maison blanche… Ça se bâtit une maison, mais lorsque la personne est morte, tu ne peux plus la faire revenir», souligne, la gorge nouée par la tristesse, Thérèse Gagnon.
Lors du déluge, sa fille Carole Gagnon, qui était enceinte, revenait du chalet familial situé au NouveauBrunswick en compagnie de son mari Éloi Méthot et de leur fille de 18 mois, Joanie.
DERNIÈRES VACANCES
C’est durant ces deux semaines que la grande famille Gagnon a été réunie pour la dernière fois. «On a eu tellement de plaisir», se rappelle Thérèse. Éloi et Carole avaient décidé de rentrer à Sept-îles deux jours plus tôt que prévu. «Ils étaient censés remonter le lundi, mais ils ont décidé de partir le vendredi. Il faisait beau», se rappelle la dame. C’est en route que le temps s’est gâté.
Ils avaient réussi à embarquer sur le traversier Matane-godbout qui a accosté à Baie-comeau à cause de la tempête. «Tous les autres bateaux n’avaient pas traversé à cause du mauvais temps sauf celui-là», relate Mme Gagnon.
Les jours précédents, il était tombé 144 mm de pluie, ce qui avait fait déborder la rivière Petite-trinité. La pression de l’eau était tellement forte que la route 138 s’était affaissée à six endroits.
En débarquant du traversier, ils ont pris la route vers Sept-îles et ils n’ont jamais vu la crevasse devant eux. Ils y ont plongé et ils sont morts sur le coup, transpercés par des arbres.
«Dès qu’on l’a appris, nous sommes allés sur place. Ils venaient de sortir les corps», explique-t-elle, la voix tremblante. «C’est dur, c’était la seule fille que j’avais.»
ANÉANTIE
La famille d’éloi ne s’est jamais remise non plus de son départ soudain. La soeur du défunt a confié au Journal que l’événement a été terrible, principalement pour le père du garçon. «C’était le bras droit de mon père», souligne Marguerite Méthot Landry.