Alerte à la bombe peu crédible
La police n’a trouvé aucun colis dans les établissements visés hier et pense que la menace n’est pas fondée
Tout porte à croire que ce ne serait rien d’autre qu’un canular truffé de fautes d’orthographe et d’anglicismes qui a poussé la police à fouiller la plupart des 71 écoles menacées par une alerte à la bombe hier.
«Ces alertes semblent s’avérer non fondées», a estimé hier soir la Sûreté du Québec (SQ) dans un communiqué.
Tôt hier matin, les écoles ont reçu un courriel du «Sceptre Rouge», un mystérieux groupe inconnu des policiers qui se décrit comme un «collectif qui est FURIEUX avec les syndicats des professeurs et les horreurs qu’ils infligent sur les enfants innocents» (sic).
Le groupe somme les syndicats de cesser la grève d’ici demain, ou il fera sauter quatre bombes dans des écoles et deux autres dans des autobus scolaires n’importe quand d’ici vendredi.
Le ministre de la Sécurité publique Pierre Moreau prend l’affaire au sérieux.
«Ça pourrait certainement constituer un acte terroriste, même s’il n’y a pas de colis», lance-t-il.
Une veille policière pourrait être nécessaire jusqu’à vendredi, ajoute-t-il, puisque la menace s’étale jusque là.
Il faut dire que la SQ et la police de Montréal (SPVM) ont fouillé la quasi-totalité des écoles menacées, notamment à Montréal, Shawinigan, Sept-îles, en Outaouais, en Mauricie ou encore en Abitibi. Hier soir, aucune bombe n’avait été trouvée. Le ou les auteurs de la menace courent toujours. Les enquêtes pour les identifier se poursuivent aujourd’hui.
Dans la grande région de Québec, un seul établissement a été visé, soit le Cégep de Lévis-lauzon, qui a été évacué puis fermé en fin d’avant-midi, hier.
Plusieurs écoles ont été évacuées hier. Toutes celles contactées par Le Journal doivent rouvrir aujourd’hui.
INCOHÉRENT
L’expert en sécurité Michel JuneauKatsuya pense que derrière le «Sceptre Rouge» se cache en réalité «un seul individu qui a un peu déraillé».
L’orthographe aurait été vérifiée dans un groupe, pense-t-il. Et le message aurait été plus cohérent.
«Il dit défendre les enfants et il vise les écoles et les bus. Non, mais ça ne va pas dans la tête?» s’étonne-t-il.
Le professeur Stéphane Leman-langlois, du Centre international de criminologie comparée, juge lui aussi la menace peu crédible.
«On peut être sûr à 99,99 % que c’est un canular, vu le manque de focus et le côté ambitieux de l’attaque annoncée», dit-il.
«Pour le Sceptre Rouge, le seul que je connaisse est dans World of Warcraft [un célèbre jeu vidéo]», ajoute-t-il.
- Avec la collaboration de Dominique Scali, de Sophie Côté et de Charles Lecavalier