Fierté des Écossais
Impossible pour les gens de Québec, si fiers, de ne pas ressentir une pointe de jalousie en lisant le reportage de ma collègue Stéphanie Martin à propos du pont cantilever écossais Forth Bridge, cousin du pont de Québec.
Impossible non plus de ne pas remarquer toutes les similitudes qui lient ces deux infrastructures historiques, joyaux du patrimoine et de l’ingénierie. Et de ne pas se désoler de voir toute l’aura qui se dégage du pont écossais, pendant que le nôtre décrépit sous la rouille. Pour ceux qui en doutent encore, le pont de Québec constitue une infrastructure qui a, comme en Écosse, le potentiel d’un symbole très puissant pour la région. Pas dans son état actuel, on s’entend. Mais, voilà, le Forth Bridge a lui aussi connu ses heures de déchéance, et, tout comme le pont de Québec, ces mauvais souvenirs sont liés à la période pendant laquelle la société ferroviaire qui en était propriétaire a été privatisée. Les Écossais ont également dû être patients. Il a fallu que les politiciens fassent du dossier une priorité et mettent toute la gomme pour qu’enfin le pont soit repeint et redevienne un objet de fierté nationale.
RESCAPÉ
Plus chanceux, le pont d’écosse a été rescapé des griffes du privé après quelques années, lorsque la société ferroviaire est redevenue publique et a réalisé que toute cette saga nuisait à son image. Le CN, compagnie ferroviaire propriétaire du pont de Québec et privatisée au milieu des années 90, ne redeviendra pas public. Plusieurs croient que les gouvernements devraient reprendre la propriété du pont et s’arranger pour que le CN paie sa part, par des droits de passage notamment.
Néanmoins, comment ne pas s’offusquer de voir le CN annoncer des profits d’un milliard pour le dernier trimestre, mais camper sur ses positions et refuser d’investir un sou de plus pour que cesse de rouiller ce pont majestueux? J’ai bien hâte de voir comment les libéraux fédéraux parviendront à honorer leur promesse de réunir les parties, dont le CN, d’ici le 31 décembre. On s’est donné un an pour parvenir à dénouer l’impasse. Les maires de Québec et de Lévis n’ont pas été très mordants concernant le pont, récemment. Ils ne doivent surtout pas lâcher le morceau. Cette attitude a été payante en Écosse, alors elle finira par l’être ici aussi.