Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Réplique à « Une jeune fille au bord de la crise de nerf »

J’ai reconnu une partie de ma vie dans la lettre « Quand bellemaman s’impose » signée « Une jeune fille au bord de la crise de nerf ». Cette personne faisait face à une belle-mère envahissan­te et directive, et comme son conjoint n’avait jamais été capable de mettre ses culottes devant sa mère, c’est elle qui se était obligée de mettre des barrières à ses intrusions, et évidemment, d’en supporter les conséquenc­es. Je ne savais pas si j’avais envie de remuer les émotions qui avaient marqué ma vie il y a cinq ans, mais je me suis dit que si je pouvait faire profiter quelqu’un de mon expérience, ce serait ça de gagné.

Ma mère, elle-même envahissan­te et contrôlant­e, avait choisi comme père pour ma soeur et moi, un homme qu’elle pouvait mener par le bout du nez tant il était doux et passif. Comme il ne se rebiffait jamais, je n’ai jamais appris qu’on pouvait résister à une femme, que cela était permis, puisqu’il ne m’en a jamais donné l’exemple. Quand vint le temps de choisir une épouse, ne me demandez pas pourquoi, j’ai choisi un modèle comme ma mère.

Très pris par ma carrière, j’ai mis du temps avant de réaliser que ma compagne menait tout à la baguette dans la maison. Ça a pris cinq ans pour que ma mère et elle ne se parlent plus. Mais ça m’en a pris dix pour comprendre que je ne pouvais plus continuer à me comporter comme je l’avais toujours fait, grâce à notre fils qui, parvenu à l’adolescenc­e, avait entrepris de confronter sa mère.

Pour protéger l’intégrité de mon fils, j’ai pris la décision de me séparer. Je suis allé en thérapie pour comprendre qu’il était plus que temps pour moi de devenir un homme, et j’y suis parvenu. Ce ne fut pas simple et ça m’a couté très cher. Mais mon fils aujourd’hui âgé de 20 m’en remercie. Sa mère ne veut plus nous voir, et la mienne me tient à distance à cause du grand changement qui s’est opéré en moi. Mon père, décédé il y a huit ans, n’aura malheureus­ement pas connu le bonheur de se sentir libre de penser et d’agir. Sans prétention, cette belle-fille devrait inciter son conjoint à me lire ce matin.

Fier d’être un homme

Un merci sincère pour le partage. Ça prend du cran pour opérer le revirement que vous avez fait, comme ça prend de la volonté et de l’humilité pour se soumettre à une thérapie, spécialeme­nt pour un homme. Espérons que cette femme ait la générosité de transmettr­e le message, mais vu l’attitude de votre ex-conjointe, ce n’est pas parce qu’un membre du couple veut se libérer d’un joug, que l’autre a envie qu’il s’en libère.

Manière efficace de régler les conflits

A une mère qui souhaitait régler un conflit entre ses deux filles adultes, vous avez suggéré de s’inspirer de la méthode « Vers le pacifique » utilisée dans certaines écoles pour régler les conflits entre élèves. Jadis dans l’enseigneme­nt, j’ai pu en mesurer les bienfaits. Mais je profiterai de votre tribune pour dire aux gens une chose hyper importante : quand quelque chose ne va pas entre deux personnes, il ne faut jamais utiliser les services d’un tiers pour régler le différend. Même si on est quelqu’un qui a du mal à exprimer son malaise, il faut se faire violence et provoquer une rencontre (comme prendre un café au restaurant) avec la personne avec qui on souhaite s’expliquer. Comme disait mon grand-père, vaut toujours mieux apprendre la vérité de la bouche du cheval.

Ex-enseignant­e

Vous avez parfaiteme­nt raison. Et dans le cas que vous citez, même si la mère souhaitait assister à la discussion entre ses filles, jamais elle ne devrait devenir le porte-parole de l’une ou l’autre.

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