Remboursement volontaire, mon oeil
Dans le cadre de son programme de remboursement volontaire de l’argent que des entrepreneurs en construction et des firmes de génieconseil nous ont volé avec les contrats publics, la ministre de la Justice et responsable du programme, Stéphanie Vallée, s’
En échange de la bonne volonté de ces fraudeurs qui se sont rempli les poches grâce à de la surfacturation et à des manoeuvres dolosives, le gouvernement du Québec renonce à les poursuivre au civil.
Le but de ce programme? Éviter notamment au gouvernement de se lancer dans de coûteuses poursuites pour récupérer les sommes volées par les malhonnêtes entrepreneurs et fonctionnaires qui ont été notamment dénoncés dans le cadre des travaux de la commission Charbonneau ou épinglés par L’UPAC (Unité permanente anticorruption).
PEU AMBITIEUX
L’objectif du gouvernement Couillard de récupérer quelques dizaines de millions de dollars m’apparaît franchement peu ambitieux quand on se rappelle l’ampleur potentielle de la fraude qui sévissait dans l’octroi et la réalisation de juteux contrats de travaux publics.
Un petit rappel s’impose pour se remémorer le gaspillage éhonté d’argent que nous avons payé à même nos taxes et impôts.
Une étude de SECOR-KPMG sur la gestion des investissements du gou- vernement du Québec dans des gros projets d’infrastructure révélait en novembre 2012 de spectaculaires augmentations de coût entre 2007 et 2011, celles-ci allant de 50 à 141 %.
Des exemples de dépassements de coûts survenus sous l’ancien régime libéral de Jean Charest? Pensons au CHUM (+2,2 milliards $); à l’échangeur Turcot (+2,1 milliards $); au remplacement de voitures de métro (+951 millions $); à l’hôpital Sainte-justine (+670 millions $); à la voie de contournement A-30 ouest (+465 millions $); au train de banlieue corridor nord-est (+346 millions $); au prolongement entre Cacouna et Mont-joli (+341 millions $); au rond-point Dorval (+152 millions $); à la route 175 entre Québec et Saguenay (+129 millions $); etc.
Bref, sur 20 projets ayant les plus grandes variations de coût, SECORKPMG a évalué le dépassement des coûts à 9,2 milliards $.
Une portion importante des dépassements de coûts est carrément attribuable aux stratagèmes de corruption et de collusion qui ont fait grimper artificiellement le coût des travaux publics dans les années 2000.
À combien la fraude? Un chiffre prudent: mettons un milliard de dollars.
Ce n’est sûrement pas en se faisant rembourser seulement quelques dizaines de millions de dollars par l’entremise du nouveau programme de remboursement volontaire que le gouvernement Couillard pourra se vanter un jour d’avoir obtenu réparation de la part des entreprises fautives.
Il ne faut quand même pas prendre le contribuable pour une valise!