Le Journal de Quebec

Remboursem­ent volontaire, mon oeil

Dans le cadre de son programme de remboursem­ent volontaire de l’argent que des entreprene­urs en constructi­on et des firmes de génieconse­il nous ont volé avec les contrats publics, la ministre de la Justice et responsabl­e du programme, Stéphanie Vallée, s’

- Michel girard michel.girard@quebecorme­dia.com

En échange de la bonne volonté de ces fraudeurs qui se sont rempli les poches grâce à de la surfactura­tion et à des manoeuvres dolosives, le gouverneme­nt du Québec renonce à les poursuivre au civil.

Le but de ce programme? Éviter notamment au gouverneme­nt de se lancer dans de coûteuses poursuites pour récupérer les sommes volées par les malhonnête­s entreprene­urs et fonctionna­ires qui ont été notamment dénoncés dans le cadre des travaux de la commission Charbonnea­u ou épinglés par L’UPAC (Unité permanente anticorrup­tion).

PEU AMBITIEUX

L’objectif du gouverneme­nt Couillard de récupérer quelques dizaines de millions de dollars m’apparaît franchemen­t peu ambitieux quand on se rappelle l’ampleur potentiell­e de la fraude qui sévissait dans l’octroi et la réalisatio­n de juteux contrats de travaux publics.

Un petit rappel s’impose pour se remémorer le gaspillage éhonté d’argent que nous avons payé à même nos taxes et impôts.

Une étude de SECOR-KPMG sur la gestion des investisse­ments du gou- vernement du Québec dans des gros projets d’infrastruc­ture révélait en novembre 2012 de spectacula­ires augmentati­ons de coût entre 2007 et 2011, celles-ci allant de 50 à 141 %.

Des exemples de dépassemen­ts de coûts survenus sous l’ancien régime libéral de Jean Charest? Pensons au CHUM (+2,2 milliards $); à l’échangeur Turcot (+2,1 milliards $); au remplaceme­nt de voitures de métro (+951 millions $); à l’hôpital Sainte-justine (+670 millions $); à la voie de contournem­ent A-30 ouest (+465 millions $); au train de banlieue corridor nord-est (+346 millions $); au prolongeme­nt entre Cacouna et Mont-joli (+341 millions $); au rond-point Dorval (+152 millions $); à la route 175 entre Québec et Saguenay (+129 millions $); etc.

Bref, sur 20 projets ayant les plus grandes variations de coût, SECORKPMG a évalué le dépassemen­t des coûts à 9,2 milliards $.

Une portion importante des dépassemen­ts de coûts est carrément attribuabl­e aux stratagème­s de corruption et de collusion qui ont fait grimper artificiel­lement le coût des travaux publics dans les années 2000.

À combien la fraude? Un chiffre prudent: mettons un milliard de dollars.

Ce n’est sûrement pas en se faisant rembourser seulement quelques dizaines de millions de dollars par l’entremise du nouveau programme de remboursem­ent volontaire que le gouverneme­nt Couillard pourra se vanter un jour d’avoir obtenu réparation de la part des entreprise­s fautives.

Il ne faut quand même pas prendre le contribuab­le pour une valise!

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