Le Journal de Quebec

Un Canadien errant

- DOMINIC MAURAIS Animateur radio cdominic.maurais@quebecorme­dia.com @mauraisliv­e

Ces temps-ci, j’ai mal à mon Canada.

Je suis fédéralist­e par attachemen­t, par naissance. Et un peu, maintenant, par réflexe.

J’ai été élevé à Shawinigan et, étant jeune, mon grand-père maternel entretenai­t le chalet de Jean Chrétien, alors ministre sous Pierre E. Trudeau, dans les années 70.

Devant la maison de la rue Bellevue, un unifolié immense flottait pendant que ma grand-mère retouchait les robes d’aline, l’épouse de Jean, et que je jouais dans la cour, entre les pommiers, avec leur fils adoptif Michel.

Bref, chez les Lavergne, il n’y avait pas de question: on était libéral, point final. Un peu comme on devenait amateur du Canadien de Montréal dès le berceau ou pas longtemps après, à la suite d’un pèlerinage à la Mecque sportive du temps, le Forum, comme ce fut mon cas en novembre 1975.

J’aime penser que le Canada est encore mon pays, que j’y suis chez moi, que la Colombie-britanniqu­e – où j’ai fait des études supérieure­s – est dans ma cour arrière.

Mais ces temps-ci, mon coeur élève la voix et ma raison, avec ses conception­s, ses conforts et ses habitudes, en devient ébranlée, de plus en plus chaque jour qui passe.

LE PAYS

Pour l’une des rares fois de ma vie adulte, en cette longue campagne, je me questionne sérieuseme­nt sur l’essence

de ce pays.

QUE DEVIENT MON PAYS?

Le multicultu­ralisme «hardcore» est, pour moi, le début de la fin. Je rejette ce pays/terrain de camping, chacun y amenant ses trucs, choisissan­t son lot, y vivant en silo et en ghetto.

La controvers­e sur le voile au visage a comme fait lever un voile sur ma conscience, sur mon ressenti, dans mon for intérieur.

Ce «chacun-pour-soi» débridé comporte un germe destructeu­r et déstructur­ant, et assassine lentement l’identité collective.

Qu’est-ce que le Québec, la terre de mes ancêtres et de mes enfants, devient dans tout ça?

TRANSFORMA­TION INTÉRIEURE

Je me surprends à réaliser non sans brutalité que, oui, le Québec semble enfermé dans un carcan, dans une consti- tution imposée, avec cette Charte qui promeut et glorifie l’individual­ité et le minoritair­e au détriment du collectif.

Hier, en constatant cette rarissime unanimité – ce 93 % de Québécois qui disent non au niqab –, j’ai ressenti pour la première fois une sorte d’urgence, une impression de moment charnière. Que quelque chose n’est plus pareil, n’est plus comme avant.

Ce chiffre, ce n’est pas qu’un chiffre parmi d’autres; c’est un NON collectif, tonitruant, un rejet violent et sec de ce que le Canada est en train de devenir.

Quelque part, en ce pays, aujourd’hui, je tenais à vous dire que je me sens de plus en plus comme un orphelin, abhorrant les multicultu­ralistes bien-pensants et autres relativist­es culturels, mais aussi les gauchistes, syndicalis­tes et excités de ladite «grande famille souveraini­ste» soi-disant officielle.

Coincé entre deux clergés, je refuse de croire que je suis le seul citoyen à réfléchir sur l’avenir, dans une forme d’errance nouvelle.

Ce qu’un bout de tissu peut nous en faire faire, du chemin…

Pour l’une des rares fois de ma vie adulte, je me questionne sérieuseme­nt sur l’essence de ce pays.

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