Le PQ range ses casseroles
«Ce n’est pas le rôle d’une opposition de se mêler d’une négociation [dans le secteur public] et de s’ingérer dans une négociation», a indiqué mercredi le nouveau leader parlementaire du Parti québécois, Bernard Drainville. Je me suis étouffé avec ma gorgée de café.
Plus tard en journée, le chef, Pierre Karl Péladeau, a refusé de cautionner en point de presse le débrayage prévu de 34 000 enseignants le 30 septembre. Le PQ sera le parti des élèves, des parents, des enseignants, a-t-il prudemment répondu à une question sur son appui à la grève. Défendre l’école publique, oui, fallait-il décoder, mais ressortir les casseroles avec les syndiqués? Il y avait un pas qu’il n’était pas prêt à franchir.
La distance que le PQ a prise vis-àvis des organisations syndicales est en rupture avec l’historique de ce parti. Depuis sa fondation, le PQ a entretenu des relations incestueuses avec les syndicats, même si un vent froid a soufflé en 1982 après la décision du gouvernement Lévesque de revoir unilatéralement à la baisse les conditions salariales prévues dans les contrats de travail dûment signés.
Depuis des décennies, les organisations syndicales font la guerre au Parti libéral du Québec, trop à droite à leur goût, et leurs dirigeants sont presque tous souverainistes. L’accession de PKP à la direction du PQ a toutefois posé un problème à la fois pour les directions syndicales et pour le chef péquiste.
La feuille de route de ce dernier comme employeur le disqualifie pour endosser avec crédibilité des demandes syndicales irréalistes et les moyens de pression qui s’enclenchent. Les syndicats, pour leur part, perdent un allié naturel à l’assemblée nationale contre le gouvernement-employeur. La Coalition avenir Québec de François Legault n’a pas d’atomes crochus avec les centrales syndicales.
Il ne reste à ces dernières que le support inconditionnel de Québec solidaire.
UN INVESTISSEMENT
Le Parti québécois s’est fait entraîner en 2012 dans une opération anarchiste dirigée par les centrales syndicales et les associations étudiantes.
Résultat: le gouvernement Charest, qui traînait pourtant un taux record d’insatisfaction et des accusations de corruption, est venu bien près d’être réélu et les péquistes aux carrés rouges ont eu leur plus faible taux d’appuis depuis 40 ans.
La population en général, au Québec, ne veut pas qu’un parti politique soit l’instrument d’un groupe de pression.
La distance prise par PKP devrait se révéler un bon investissement pour le PQ, s’il la maintient, en vue de la vente de l’option de la souveraineté. Les syndicalistes qui sont souverainistes le demeureront et une barrière sera levée pour des citoyens ouverts à la souveraineté, mais qui ne veulent pas d’un Québec modelé par les dirigeants syndicaux.
La distance que le PQ a prise vis-à-vis des organisations syndicales est en rupture avec l’historique de ce parti
CHAPEAU M. BÉDARD
L’ex-chef intérimaire du PQ et ex-leader de son parti à l’assemblée nationale, Stéphane Bédard, a encaissé avec beaucoup de dignité mercredi son recul à une plus humble fonction de critique en matière de justice, décidé par son chef PKP. Il s’est révélé un bon joueur d’équipe, même si cette réaffectation lui a fait mal. Un courant de sympathie en sa faveur a circulé.