Le lourd passé de Clara Hughes
L’ex-athlète admet avoir sombré dans la drogue et l’alcool, et avoir souffert de troubles alimentaires
Derrière les médailles olympiques de Clara Hughes, remportées autant en cyclisme qu’en patinage de vitesse, se cache un être au passé difficile. Entraîneur tyran, père alcoolique, drogue, troubles alimentaires et dépression, l’ancienne athlète a vécu tout cela. Elle a voulu raconter son parcours dans un livre, qui paraîtra le 16 septembre en français, dans l’espoir d’inspirer des gens qui doivent eux aussi surmonter de grandes épreuves.
Cette autobiographie s’intitule Coeur ouvert, esprit ouvert. Elle décrit la vie de la Winnipégoise, ses compétitions et ses voyages, de son enfance jusqu’à aujourd’hui.
«Ce n’est pas un livre seulement sur le sport, la santé mentale, les problèmes familiaux, les voyages, les expériences ou même une histoire d’amour. C’est tout ça et j’espère qu’il pourra inspirer tous ceux qui en ont besoin, a confié Clara Hughes en entrevue avec Le Journal de Montréal.
«Je veux aussi raconter à quel point mes rencontres avec les gens des premières nations ont forgé qui je suis. Ces personnes ont eu un grand impact sur moi, tant sur le plan sportif qu’humain», a-t-elle ajouté.
On pourrait croire qu’avec une telle feuille de route, Clara Hughes respirait la confiance lorsqu’elle enfourchait son vélo ou enfilait ses patins. Mais c’était tout le contraire. Ce manque de confiance en elle l’a d’ailleurs menée à des troubles alimentaires tout au long de sa vie, mais aussi à une autodestruction due en grande partie à l’attitude ultranégative de son premier entraîneur, Mirek Mazur, qu’elle ne ménage pas dans son récit. Ce dernier la rabaissait constamment et l’avait isolée de tous.
«Mais je croyais en lui plus qu’en moimême parce que j’avais eu un lavage de cerveau et que je n’avais pas confiance en moi. C’était la seule personne en qui je pouvais croire, c’était une figure forte et je pense que c’est dû au fait que je n’avais pas vraiment de père, car le mien était toujours saoul. Je n’avais personne pour me guider, pour agir comme figure paternelle. J’ai eu du succès avec lui, mais je ne crois pas que tout ce cheminement était nécessaire», a-t-elle précisé.
PÈRE ALCOOLIQUE
Les deux grands-pères de Clara Hughes étaient alcooliques. Son père aussi. Elle-même a sombré dans l’alcool – et la drogue, fumant du pot dès son jeune âge – durant quelques périodes de sa vie. La relation qu’elle avait avec son père semblait en être une d’amour-haine. Kenneth Hughes était un professeur ultracultivé, mais qui se transformait en un odieux personnage une fois qu’il avait entamé une bouteille. Sa mère, sa soeur et elle en ont beaucoup souffert. Ce sont d’ailleurs ces passages qui ont été les plus difficiles à écrire.
«Mon père est décédé en 2013 et c’est tellement difficile de parler de lui parce ce que je n’ai pas qu’effleuré ses défauts. J’ai raconté à quel point il avait du pouvoir sur nous. De l’écrire est une chose, mais d’en parler est encore plus difficile. C’est comme s’il était encore ici. Il est même revenu dans mes rêves et j’ai peur qu’il soit blessé par ce que je dis, car je n’ai jamais pu lui dire de son vivant que sa manière d’agir n’était pas correcte», a mentionné celle qui a pris part à six Jeux olympiques.
MARI EXTRAORDINAIRE
Lorsqu’on lui demande ce qui la rend la plus heureuse, la plus fière, Clara Hughes répond sans hésiter que c’est la présence de son mari, avec qui elle partage sa vie depuis 19 ans.
«Je suis heureuse de pouvoir partager mon mari avec tout le monde en parlant de lui dans mon livre. C’est un être incroyable qui a eu un grand impact dans ma vie. Il me pousse à être une meilleure personne et il est resté à mes côtés malgré toutes les épreuves qu’on a vécues», a-t-elle fièrement souligné.
Ensemble, ils ont vécu des expériences extraordinaires, comme des randonnées à vélo dans le Grand Nord canadien ou dans le désert de l’arizona. Ces voyages, Clara Hughes les raconte aussi dans sa biographie, expliquant chaque fois comment ils ont influencé le cours de sa vie et de sa carrière.