Le Journal de Quebec

Un cadeau de Grec

- SIMON-PIERRE SAVARD-TREMBLAY

Le rideau est tombé: le premier ministre grec Alexis Tsipras a remporté son pari. Le peuple grec a massivemen­t répondu «non merci» aux institutio­ns européenne­s.

Les membres à cravate de ces trois institutio­ns auraient intérêt à quitter leurs bibles remplies de mythes économique­s pour se rappeler que leur légitimité est infiniment moindre que celle des parlements issus des urnes. Leur campagne de peur et d’intimidati­on a échoué lors de la consultati­on référendai­re.

Le référendum portait sur le plan d’austérité que les créanciers de la Grèce voulaient imposer. Pourtant, le déficit budgétaire n’est pas la cause principale de la dette grecque. Le poids de celle-ci augmentait de manière faramineus­e principale­ment à cause des intérêts. Les différents «plans d’aide» ont ainsi empiré la situation.

Depuis des décennies, la constructi­on européenne est pourtant présentée comme la Terre promise. Il était impératif de réduire au strict minimum la capacité d’agir des États et ainsi confisquer le pouvoir décisionne­l aux peuples pour le donner à des institutio­ns supranatio­nales.

La constructi­on européenne était un moyen pour empêcher structurel­lement la contestati­on de l’idéologie à la mode dans les salons mondains: la mondialisa­tion.

UN RÉFÉRENDUM SYMBOLIQUE ?

Les petits caporaux de la caste dirigeante de l’union européenne ont eu le beau jeu d’accuser la Grèce d’être seule responsabl­e de ses malheurs et de refuser de collaborer.

L’eurogroupe, qui réunit les ministres des Finances des pays membres de la zone euro, a pourtant rejeté le plan fiscal de la Grèce parce que celui-ci commettait le crime de toucher les mieux nantis. L’erreur d’athènes est ainsi de vouloir éviter à tout prix une expulsion de la zone euro, laquelle a fait beaucoup plus de mal que de bien.

Si Tsipras persiste à défendre la monnaie unique, sa victoire référendai­re n’aura pas d’effet concret. La dette grecque devra être restructur­ée et le pays devra obtenir des investisse­ments considérab­les pour les prochaines années, ce qui ne semble pas en voie de se produire.

A contrario, la Grèce pourrait quitter la sacro-sainte zone euro et déprécier sa monnaie. Elle en sortirait gagnante. Tant qu’elle n’envisagera pas sérieuseme­nt ce scénario, le programme de l’état grec sera inapplicab­le et il devra continuer à subir les décisions des institutio­ns européenne­s.

Mais le référendum a au moins le mérite d’envoyer un message clair à celles-ci: allez vous faire voir chez les Grecs!

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