De retour à la maison
Nadia Comaneci sera à Montréal jeudi pour l’inauguration de la Maison olympique
NORMAN, Oklahoma | «Reine des Jeux de 1976», a toujours proclamé l’histoire. Avec la même affection qu’elle éprouve aujourd’hui pour Montréal, Nadia Comaneci a toute la permission de valider ce titre 39 ans plus tard.
«Reine des Jeux? Oui, vous pouvez le dire encore. C’est gentil», concède la gymnaste légendaire qui a accueilli avec générosité Le Journal dans la petite ville de Norman, à une vingtaine de kilomètres au sud d’oklahoma City, où elle vit avec son mari et ex-gymnaste, Bar t Conner, et leur fils de neuf ans.
« TOUJOURS ÉMOUVANT »
De tous les athlètes et acteurs de l’olympisme qui assisteront à l’inauguration de la Maison olympique de Montréal, jeudi prochain, un visage radieux s’échappera de la foule. Nous serons le 9 juillet, mais Nadia Comaneci se laissera rêver comme chaque année lorsque reviennent les dates des 17 et 18 juillet, toujours magiques à son esprit depuis 1976.
Tous les 17 juillet, elle se revoit, alors adolescente de 14 ans, défiler dans le Stade olympique avec la délégation de la Roumanie à la cérémonie d’ouverture. Dès le lendemain dans l’ancien Forum, avec sa couette légère et bouclée d’un ruban rouge et blanc, elle attaquera les barres asymétriques pour devenir la première gymnaste de l’histoire à obtenir la note parfaite de 10. Elle nous refera ce coup de la perfection six autres fois durant les Jeux, en route vers cinq médailles, dont trois d’or.
Du coup, une nouvelle étoile apparaissait dans notre galaxie, et c’est le Québec qui allait en révéler l’existence.
«C’est toujours émouvant pour moi de retourner à Montréal. Aux 17 et 18 juillet, chaque année, il y a un sentiment précieux qui me revient, un mélange d’émotions. Il est difficile de réaliser qu’il y a si longtemps qu’ont eu lieu les Jeux de 1976. Quand je repense à ce qui s’est produit il y a 39 ans, ça me rappelle d’avoir accompli quelque chose de spécial dans ma vie», affirme la dame de 53 ans.
UN SOUVENIR MARQUANT
Les générations de Québécois issues de la Révolution tranquille et des décennies précédentes ont succombé aux contorsions de cette gamine. Même chez des enfants nés après les Jeux de Montréal, ce nom ne sonne pas étranger.
«Ce qui me surprend le plus après toutes ces années, c’est que les gens s’en souviennent encore, avoue-t-elle. Comment donc les gens peuvent-ils se rappeler quelque chose qui s’est produit il y a 39 ans? Maintenant, tout ça me fait réaliser que le temps passe et que j’imagine avoir accompli quelque chose de très gros pour que les gens s’en souviennent autant. Pourtant, il y a tellement de choses qui n’arrivent qu’une fois dans la vie. Mais il doit y avoir quelque chose de spécial dans ce que j’ai fait pour que ça se fixe dans la mémoire des gens.»
LE MONTRÉAL DE SON « TRIANGLE »
Comaneci nourrit désormais son bonheur dans la région d’oklahoma City, un terreau fertile pour la gymnastique aux États-unis où se trouve le Temple de la renommée international. La société qu’elle possède avec son mari et l’un des premiers entraîneurs de celui-ci, Paul Ziert, touche à différents intérêts liés à ce sport, dont la Bart Conner Gymnastics Academy que fréquentent 1400 élèves et une trentaine d’entraîneurs.
Entre cette vie de maman d’aujourd’hui et celle de ses débuts ponctuée de hauts et de bas dans l’ex-régime du dictateur Nicolae Ceausescu, Montréal s’est glissé dans son parcours grâce aux Jeux de 1976. Sa présence à l’ouverture de la Maison olympique peut s’interpréter comme un retour à la maison.
«Je ne pourrai jamais faire un bilan de ma vie en retirant Montréal de l’équation. Je vis dans un triangle. J’ai toujours ma famille en Roumanie et j’en ai maintenant une aux ÉtatsUnis, mais tout ça est en accord avec Montréal puisque c’est cette villequim’a construite. C’e st Montréal qui a fait de moi ce que je suis devenue.»
Pour son discours, les juges seraient tentés de lui attribuer une nouvelle note parfaite…