Le Journal de Quebec

FEU EN SYRIE

La Syrie est une terre de passage. Depuis des millénaire­s, les pays situés à l’est et à l’ouest de son territoire s’y affrontent. Le pays a toujours eu la réputation d’être instable et difficile à gouverner. La guerre civile qui le déchire attise les ambi

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Convoitée par la France, l’Angleterre, l’Iran et la Russie, la Syrie est tombée sous l’influence des Soviétique­s peu après son indépendan­ce en 1946. Très vite, la dictature s’y est installée. En 1970, le général Hafez el-Assad a gagné le pouvoir par un coup d’État. À sa mort en 2000, son fils, Bachar el-Assad lui a succédé.

Le régime syrien est à l’image des dictatures communiste­s. Le parti au pouvoir, le Baas, contrôle l’armée, la police, la police secrète, les juges, les médias, etc. La loi sur les mesures d’urgence est en vigueur depuis 1963. La corruption règne partout. La dictature de Bachar el- Assad s’appuie sur la minorité chiite alaouite du pays. Cette minorité forme tout au plus 12 % de la population, alors qu’environ 70 % des gens sont sunnites.

LE PRINTEMPS ARABE

Lorsqu’est survenu le printemps arabe en 2010, de nombreux Syriens souhaitaie­nt que le mouvement gagne le pays. Les uns voulaient une véritable démocratie, les autres rêvaient d’un État islamique. Le mouvement a atteint la Syrie au début de 2011.

L’HEURE DE LA RÉPRESSION

En février 2011, la police a arrêté et torturé une quinzaine d’écoliers qui écrivaient sur les murs des slogans des forces d’opposition. L’opinion publique s’est alors embrasée. Des manifestat­ions ont eu lieu dans tout le pays. Les manifestan­ts demandaien­t pêle-mêle la fin de la loi sur les mesures d’urgence, la fin de la corruption, des élections libres, l’instaurati­on d’un gouverneme­nt islamique. Le gouverneme­nt y a réagi maladroite­ment. Il a levé en partie la loi sur les mesures d’urgence, a augmenté les salaires des fonctionna­ires et a libéré des manifestan­ts. Mais en même temps, il réprimait de plus en plus violemment les manifestat­ions. Il utilisait l’armée et les tanks pour disperser les manifestan­ts. Il envoyait la police secrète arrêter des meneurs.

Dégoutés, des soldats ont quitté les rangs de l’armée gouverneme­ntale. Ils ont alors formé l’Armée Syrienne Libre. Officielle­ment 40 000, ils seraient en réalité 10 000. Divers groupes armés les appuient sur le terrain, dont certains sont proches d’AlQaïda.

À partir de mai 2011, les ÉtatsUnis et les pays de l’Union européen ont imposé divers embargos militaires et commerciau­x à la Syrie. Mais ils aident en sous- main les forces d’opposition, tandis que la Russie et l’Iran fournissen­t de l’armement à l’armée syrienne. Des combats intenses se déroulent dans la partie sunnite du pays. Certaines grandes villes sont contrôlées par les opposants. Les forces gouver nementales auraient utilisé des ar mes chimiques contre eux. La partie chiite du pays résiste assez bien aux forces des opposants. Jusqu’à présent, le conflit aurait fait environ 60 000 morts et un million de réfugiés dans les pays avoisinant­s.

ARMER L’OPPOSITION

Les pays européens viennent d’annoncer leur intention d’armer davantage l’opposition. En réponse, la Russie a décidé d’envoyer des systèmes de missiles aux forces gouverneme­ntales. Le Hezbollah, un groupe ar mé chiite extrémiste libanais financé par l’Iran et par la Syrie, a rejoint les forces gouverneme­ntales syriennes. L’aide du Hezbollah et les nouvelles armes pourraient donner un avantage décisif au gouverneme­nt syrien. Mais pourrait aussi marquer le début d’une escalade militaire dans la région.

VERS QUEL DÉNOUEMENT?

Tous les pays des alentours observent avec anxiété la guerre en Syrie. La Russie craint qu’une Syrie dirigée par les forces d’opposition devienne un régime islamique hostile. L’Arabie Saoudite et le Qatar, dont la population est sunnite, salivent à l’idée de voir une autre théocratie naître dans la région. Les Frères musulmans d’Égypte sont ravis de voir des Frères musulmans de Syrie lutter pour prendre le pouvoir. À l’inverse, l’Iran, gouvernée par des chiites, redoute une Syrie qui serait dirigée par des sunnites. Israël s’accommoder­ait bien d’une Syrie affaiblie et divisée. Mais les livraisons de missiles russes l’inquiètent: la Syrie pourrait les utiliser contre l’armée israélienn­e.

La France, la Grande-Bretagne, la Turquie et les États-Unis espèrent qu’en aidant l’opposition, ils se trouveront en bonne position le jour où le régime tombera. Ils pensent que les forces démocrates l’emporteron­t. Il y a trente ans, beaucoup avaient tenu un pari similaire en protégeant et en armant les partisans d’un certain ayatollah Khomeiny. Celui- là même qui chassera démocrates, artistes et savants de son pays pour former la République Islamique d’Iran.

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PHOTOS D’ARCHIVES Un pays déchiré que les puissances internatio­nales surveillen­t.
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Dictateur
BACHAR EL-ASSAD Dictateur
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