Le Journal de Quebec

Entuber les Québécois ?

Je continue à travailler sur le dossier en toute confiance avec mes partenaire­s. Le Grand Prix du Canada est important, mais il faut s’assurer que le financemen­t se fait dans le respect de la capacité de payer des contribuab­les». Denis Lebel, ministre des

- REJEAN.TREMBLAY@QUEBECORME­DIA.COM

Ses partenaire­s, on les connaît et on sait où ils crèchent dans le dossier du renouvelle­ment du contrat du Grand Prix du Canada.

Pascal Bérubé, ministre responsabl­e du dossier dans le gouverneme­nt de Pauline Marois, est favorable à l’implicatio­n de Québec. Même si l’augmentati­on négociée par Bernie Ecclestone se situe à 4 % par année. Le provincial s’engagerait donc pour 4,6 millions $ annuelleme­nt environ pour les 10 prochaines années.

Charles Lapointe, de Tourisme Montréal, un vrai héros dans l’ombre, a convaincu son organisme d’y aller d’un montant équivalent. Et la pauvre Ville de Montréal ajoutera son million et quelques à la cagnotte.

Tout est prêt pour que le Grand Prix du Canada reste à Montréal jusqu’en 2024. Tout, sauf Denis Lebel, tout sauf le gouverneme­nt de Stephen Harper, qui a failli torpiller le projet du nouvel amphithéât­re à Québec.

Denis Lebel doit réduire les dépenses

de son ministère de 10 %

TROUVER UNE FAÇON

J’ai discuté un bon moment avec le ministre Lebel. Et je me suis rappelé qu’il n’était pas dans la roulotte de Bernie Ecclestone quand Michael Fortier, François Dumontier et Raymond Bachand avaient conclu une entente par une poignée de main.

Au moment de la rencontre, le ministre Lebel et moi étions assis à une table dans une loge à discuter effectivem­ent du Grand Prix, mais aussi de la Traversée internatio­nale du lac Saint-Jean à Roberval. Le ministre Lebel est l’ancien maire de Roberval.

«D’ailleurs, rappelle-t-il, Gérald Tremblay n’était pas au meeting lui non plus. Sa femme avait mal au dos et Gérald n’était pas venu au Grand Prix.»

Mais ça ne veut pas dire qu’il n’était pas d’accord avec Bachand il y a un an. Pourquoi tant hésiter un an plus tard? Les montants sont les mêmes et la situation économique du Canada ne s’est quand même pas détériorée tant que ça au cours des 12 derniers mois.

J’ai cru comprendre ce qui retient encore le ministre Lebel. Il a glissé dans la conversati­on qu’il doit respecter un mot d’ordre du premier ministre et réduire les dépenses de son ministère de 10 %. Et puis, il est certain que Denis Lebel ne prendra pas le risque d’engager le gouverneme­nt fédéral pour 57 millions $ sans présenter le cas au conseil des ministres.

J’y vois diverses raisons.

L’AMPHITHÉÂT­RE… ET SASKATOON

On le sait, le gouverneme­nt Harper a refusé d’investir un seul sou noir dans le projet de l’amphithéât­re à Québec. Et pour justifier sa position un peu plus tard, il a refusé toute aide directe à l’érection d’un stade à Saskatoon, en Saskatchew­an. Selon le principe que le gouverneme­nt fédéral n’apporte pas d’aide directe au sport profession­nel.

Denis Lebel doit donc prendre son bâton de pèlerin pour expliquer à ses collègues que l’argent versé à «Bwana» Bernie sert avant tout au développem­ent de l’industrie touristiqu­e du Québec et de Montréal. Et effectivem­ent, c’est avant tout pour ses retombées économique­s que les différents gouverneme­nts sont prêts à cracher des millions dans les coffres d’Ecclestone.

Soit dit en passant, selon mes informateu­rs, Ecclestone n’a pas abusé de son pouvoir de potentat pour faire chanter les ministres et le maire de Montréal. Ses demandes n’ont pas changé depuis 18 mois.

PAS AVANT LE GRAND PRIX

En prolongean­t le contrat de 10 autres années, on arrive à une entente qui aurait duré 15 ans. Sur 15 ans, l’augmentati­on annuelle se chiffrerai­t à 2,7 %, puisque les cinq premières années n’avaient pas de clause d’indexation.

Tout le monde aurait souhaité que le ministre Lebel puisse annoncer une bonne nouvelle avant 14 heures, le dimanche 9 juin. Mais, à moins d’un imprévu, ce ne sera pas le cas. S’il tient à dédouaner son implicatio­n dans le montage financier, il aura besoin de plusieurs autres semaines après le Grand Prix.

L’autre point que craignent certains des responsabl­es du dossier, c’est que le ministre Lebel joue le même tour au provincial et au municipal que son gouverneme­nt l’a fait dans le dossier de l’amphithéât­re. Autrement dit, et les choses étant énoncées clairement, il pourrait tenter de se pousser et laisser Québec, Tourisme Montréal et la pauvre Ville ramasser toute la note et casquer les millions.

Ça voudrait dire entuber une autre fois les Québécois. Mais alors, je ne reconnaîtr­ais pas l’ancien maire de Roberval.

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PHOTOS D’ARCHIVES √ Tout est prêt pour que le Grand Prix du Canada reste à Montréal jusqu’en 2024. Tout, sauf Denis Lebel (en mortaise), tout sauf le gouverneme­nt de Stephen Harper, qui a failli torpiller le projet du nouvel amphithéât­re à Québec.
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