L’erreur belge à éviter
Il faut limiter le nombre d’entreprises qui tombent entre des mains étrangères
Il est urgent que les Québécois se penchent sur le contrôle de leurs entreprises pour éviter que le Québec ne devienne une seconde Belgique. La majorité des grandes entreprises du pays européen étant passées sous contrôle étranger.
C’est la position défendue par l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), qui organise un colloque sur la question aujourd’hui à Montréal.
L’organisme proposera une série de mesures pour protéger certaines entreprises québécoises et canadiennes de prises de contrôle étrangères ou hostiles, quelques mois après que l’américain Lowe’s eut échoué sa tentative d’acquisition de Rona.«En Belgique, tout a été acheté par des sociétés étrangères, allemandes, françaises, hollandaises, américaines. Elles ont même mis la main sur de grandes banques » , a illustré Michel Nadeau, directeur général de l’IGOPP.
L’ancien vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec soutient qu’une telle situation complique la vie des entrepreneurs belges qui ont besoin de financement. «C’est Paris ou Berlin qui décident», a-t-il précisé.
L’ombre belge préoccupe, même si l’économie de ce pays se porte plutôt bien, car la présence d’entreprises locales fortes génère beaucoup de retombées positives sur l’économie.
« Leurs sièges sociaux offrent des emplois de haut niveau et ils donnent du travail aux bureaux de comptables et d’avocats » , a expliqué Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
24 à risque
Un classement réalisé par l’IGOPP l’automne dernier a révélé que 24 compagnies québécoises publiques pourraient faire l’objet d’une prise de contrôle. Elles ne comptent aucun actionnaire majoritaire, disposant d’une participation suffisante pour bloquer une acquisition, soit au moins 30 %.
Ces compagnies ne font pas partie d’une industrie protégée par la loi comme les télécommunications ou les secteurs bancaires et aériens. Elles ont des capitalisations boursières qui varient de 300 millions $ à près de 6 milliards $. SNC-Lavalin, Metro et Dollarama se retrouvent dans ce palmarès.
Michel Nadeau estime que protéger des entreprises locales est un enjeu primordial dans le contexte de la mondialisation des marchés. «Les Chinois ont assez d’argent pour acheter tout ce qu’ils désirent», a-t-il dit.
Pas de protectionnisme
Par contre, l’homme n’est pas l’apôtre du protectionnisme mur à mur. Le Québec doit accepter de perdre des entreprises pour que ses fleurons, Alimentation Couche-Tard et CGI par exemple, puissent prendre de l’expansion à l’extérieur du Québec.
L’IGOPP croit que certaines entreprises doivent être protégées dans des secteurs stratégiques. «La Banque Nationale et la Banque Laurentienne sont importantes pour nous. C’est là et chez Desjardins que les diplômés de HEC et des autres écoles font leurs classes», a illustré M. Nadeau.