Le Journal de Quebec - Weekend
AU COEUR DE LA TEMPÊTE
Après avoir publié un recueil de nouvelles très remarqué, Le coeur
sauvage, l’écrivaine américaine Robin MacArthur raconte une histoire campée au coeur des montagnes du sud du Vermont dans son tout premier roman, Les femmes de Heart Spring Mountain. Touchant, poétique, il évoque le passage destructeur d’un ouragan sur la région et, en filigrane, des histoires de famille, racontées par trois générations de femmes.
En août 2011, l’ouragan Irene s’abat sur la Nouvelle-Angleterre, détruisant les routes, les ponts, les maisons. À des milliers de kilomètres de là, à La Nouvelle-Orléans, Vale apprend par sa tante que sa mère Bonnie a disparu.
Même si elle a coupé les ponts avec elle, Vale plaque tout et se rend au Vermont pour tenter de la retrouver.
Vale, accueillie par sa famille, revoit son enfance, en flash-back. Trois générations de femmes prennent la parole pour raconter les années passées : Hazel, sa grand-tante de 90 ans, sa tante Deb et sa grand-mère Léna. En parcourant le journal intime de Léna, elle découvre un lourd secret.
Robin MacArthur, écrivaine et musicienne, s’est inspirée de sa région et des gens plus grands que nature qui l’habitent pour raconter son roman, même si le roman n’est pas autobiographique.
« Les personnages me son nt apparus en premier et j’ai d’abord écrit sur Vale et Hazel. Ensuite, j’ai réalisé que j’étais en train d’écrire un roman… quelque chose de plus substantiel que je le pensais. Pendant l’écriture, j’ai accouché de mon premier er enfant… puis de mon deuxième. Et les voir grandir dans une période de changements climatiques soulève de nombreuses questions », explique-t-elle en entrevue.
LE MONDE EN PLEIN CHANGEMENT
Elle voulait écrire sur ce monde en plein changement, sur la quête de résilience, l’espoir, sur notre rapport avec la nature. « Ces tempêtes vont maintenant nous frapper, tous, peu importe où nous habitons. J’avais toutes ces questions en tête pendant l’écriture. »
Robin se souvient très bien des dégâts causés par l’ouragan Irene. « C’était un choc : il n’y avait pas eu d’inondations de la sorte depuis les années 1930. Ce n’était pas quelque chose qui nous préoccupait – à part ceux qui habitent dans les zones inondables. » Elle se souvient d’avoir fait une marc che, le matin de la tempête. « CommeC mes personnages, nous étionsé préparés… mais nous n’avionsn pas prévu que les vents allaient souffler aussi fort. En marchant, nous avons réalisé r que toutes les routes, da ans toutes les directions, ava aient été emportées, dans un rayon de 10 milles. Nous avons été coupés du monde. » Elle continue. « Des gens qui assistaient à un mariage dans notre voisinage ont été isolés pendant une semaine et demie et les hélicoptères de la Garde nationale leur ont parachuté de la nourriture. Et il y a eu des tragédies : des morts, dans la région, et un garçon, porté disparu. »
INQUIÈTE POUR L’AVENIR
Le roman est inspiré par le choc vécu pendant l’ouragan, et son intensité, et les dommages causés, mais aussi par les tragédies auxquelles sa communauté n’était pas préparée.
Robin s’inquiète pour l’avenir. « Nous sommes alimentés par des panneaux solaires depuis longtemps, dans ma famille. Mais nous avons beaucoup plus de journées nuageuses qu’avant. Il faudra peut-être installer des éoliennes. L’adaptation sera le mot clef pour les prochaines décennies – c’est une des révélations du livre. Ce n’est pas quelque chose qui concerne un futur lointain… ça se passe maintenant. » Robin MacArthur vit dans le sudest du Vermont. Elle a publié un recueil de nouvelles très remarqué, Le coeur sauvage.