Le Journal de Quebec - Weekend

UN ALBUM SYMBOLIQUE

- SANDRA GODIN

Quatre artistes autochtone­s de la relève ont uni leurs talents à quatre jeunes artistes allochtone­s, pour la création de l’album Nikamum Mamuitun, Chansons rassem

bleuses. Avec leur mentor Florent Vollant et l’apport de Marc Déry, ils planchent depuis deux ans sur douze chansons en français, en atikamekw et en innu, qui ont été lancées vendredi.

Entre sonorités modernes et traditionn­elles, le résultat est d’une richesse extraordin­aire sur le plan musical. L’idée de mélanger des artistes non autochtone­s à ceux de la relève autochtone est venue en 2016 de la tête d’Alan Côté, grand manitou du Festival en chanson de Petite-Vallée.

« Au départ, Alan m’a appelé pour me dire qu’il avait rêvé de moi, relate Florent Vollant. Et nous, dans notre culture, on honore les rêves. Il m’a demandé si je voulais embarquer là-dedans, m’a proposé une équipe et des amis. J’ai voulu travailler avec des jeunes, pour leur donner une chance de monter sur scène. »

C’est ainsi que le collectif de huit artistes, Marcie Michaud-Gagnon (gagnante de cinq prix à Petite-Vallée en 2012 et finaliste aux Francouver­tes en 2013), Karen Pinette-Fontaine, Joëlle StPierre, Chloé Lacasse, Scott-Pien Picard, Matiu, Cédrik St-Onge et Ivan Boivin, ont enchaîné les résidences créatives avec leurs mentors.

« Je n’avais aucune idée d’où est-ce qu’on s’en allait au début, confie Florent Vollant. Une symbiose s’est créée, une espèce de coalition. Ç’a été une expérience d’une grande humanité. Cette génération-là a une belle ouverture, une belle énergie. »

DES DÉBUTS DIFFICILES

Mais l’auteur-compositeu­r-interprète, membre du duo Kashtin, ne cache pas que les premiers contacts ont été « fragiles ».

« La plupart des artistes québécois ne savaient pas grand-chose sur les Premières Nations. Ils connaissai­ent très peu, ou pas du tout, déplore-t-il. Mais les artistes autochtone­s ont quand même une connaissan­ce de la langue française et savent ce que les artistes québécois font en général. Ce qui n’était pas le cas des artistes québécois par rapport aux artistes autochtone­s. »

Pour Florent Vollant, il s’agit d’un album symbolique, qui renforce les liens entre les cultures.

« Oui, c’est le symbole d’une alliance, mais c’est aussi une intention d’évolution. On va au-delà des préjugés, de l’histoire. Ces jeunes-là, ils ont une nouvelle vision, moins de préjugés que la génération précédente. »

30 ANS DE KASHTIN

L’aventure devrait se poursuivre sur scène cet automne pour les huit artistes. Florent Vollant continue également sa carrière solo, et donne quatre ou cinq spectacles par année avec son complice de Kashtin, Claude McKenzie.

D’ailleurs, le premier album du duo, qui s’est écoulé à 200 000 exemplaire­s, célèbre son 30e anniversai­re. Florent Vollant garde un souvenir « très intense » de cette époque.

« On n’est pas restés accrochés à il y a 30 ans. On a évolué, mais la musique est restée et elle est encore très appréciée, alors on a du plaisir encore à le faire sur scène », a-t-il conclu.

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