Le Journal de Quebec - Weekend

LES PIONNIERS DU MÉTAL

LONDON | Après 36 ans, les gars de Voivod ont finalement reçu « la petite claque dans le dos qui fait du bien » quand ils ont remporté le Juno du meilleur album métal/hard rock de l’année au Canada, la semaine dernière.

- Le Journal de Québec cedric.belanger @quebecorme­dia.com CÉDRIC BÉLANGER

« Le groupe est reconnu partout sur la planète. Partout, des gens viennent nous voir. Mais d’être reconnu chez soi a une valeur différente », confie le guitariste Daniel « Chewy » Mongrain, que Le Jour

nal a rencontré avec le reste de la troupe après sa victoire à London.

Formé au début des années 1980, le groupe métal originaire du Saguenay fait figure de pionnier au Québec. Il a influencé de nombreux jeunes groupes de ce style. Son importance est telle que l’ex-bassiste de Metallica, Jason Newsted, a déjà fait partie de la formation, au milieu des années 2000.

« On a ouvert des portes, c’est certain. Il a fallu qu’on défriche pas mal, et tant mieux si plein de bands québécois en profitent », note le batteur Michel « Away » Langevin.

LES DÉBUTS

Défricher ? Le mot est bien choisi, assure le chanteur Denis « Snake » Bélanger.

« Au début, il n’y avait pas d’organisati­on dans le milieu du métal. Il fallait quasiment l’inventer: vendre nos propres billets, distribuer nos dépliants », se souvient-il.

Leur tout premier concert? À la Place Nikitoutag­an, dans leur bled de Jonquière, devant des membres de leurs familles et des motards.

« On a sorti un démo de ce spectacle et, à la fin, tu entends les motards qui démarrent leurs motos », se rappelle Away en riant.

Quatorze albums plus tard, Voivod n’a rien perdu de sa pertinence. À un âge où les groupes ont depuis longtemps épuisé leur réserve de créativité et roulent sur leurs vieux succès, le quatuor vient de pondre avec The Wake un album qui a fait l’unanimité auprès des fans et de la critique.

Le secret, selon les gars, se trouve dans le même ingrédient qui transporte jusqu’au sommet des formations sportives : la fameuse chimie.

« On fait un voyage créatif où tout le monde participe. La personnali­té de chaque membre du groupe transpire dans la musique. On regarde devant. Il n’y a pas d’egos dans le chemin. C’est la passion de la musique et de l’art qui nous guide », explique Chewy.

UN ESPOIR POUR L’ADISQ

Porté par cet esprit de corps, Voivod n’est pas prêt de rendre les armes. Surtout qu’il continue de faire le plein de fidèles, comme s’en étonne le petit dernier de la famille, le bassiste Dominique « Rock » Laroche.

« Après le départ de Piggy [le guitariste Denis D’Amour, mort des suites d’un cancer en 2005], on ne savait pas ce qui allait se passer. Comme fan – parce que j’étais un fan avant de joindre le groupe il y a cinq ans –, j’ai toujours souhaité que Voivod vive pour toujours. De voir qu’il y a autant de fans qui, aujourd’hui, s’ouvrent au Voivod 2019, c’est capoté. »

Voivod souhaite maintenant que le heavy métal soit reconnu à sa juste valeur au Québec. Son prix aux Juno pourrait donner un argument de taille aux musiciens québécois qui souhaitent que l’ADISQ leur fasse une place à son gala annuel en créant un prix qui leur est consacré, comme c’est le cas au gala canadien, croit Away.

« J’ai entendu dire qu’il y a eu des discussion­s avec des gens de l’ADISQ. Peut-être qu’ils vont prêter davantage attention au métal québécois, qui est vraiment fort partout sur la planète. Il y a plein de groupes qui vendent des albums et qui tournent, mais ce n’est pas nécessaire­ment reconnu comme style au Québec. Ce prix aux Juno va aider notre cause. »

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