JE SUIS CAPABLE DE ME POUSSER PROCHE DE LA MORT »
ROBERVAL | « Je suis capable de me pousser proche de la mort. On va essayer de pas se rendre là cette année. » Le nageur William Racine veut se reprendre après avoir été le dernier à abandonner l’année passée
Le regard fixé sur le lac Saint-Jean, le nageur William Racine replonge dans ses souvenirs de la Traversée, l’an dernier. Une Traversée marquée par l’abandon de la moitié des nageurs, dont le sien.
Il peut au moins se targuer d’avoir été le dernier à rendre les armes devant le géant qu’il affrontait. Après 8 h 42 min d’effort, c’est l’équipe médicale de la Traversée qui a décidé que c’en était assez.
L’athlète de 27 ans de Québec n’avait pas l’intention de sortir, mais il avait poussé la machine au bout. Peut-être trop loin, même.
« J’étais en hypoglycémie très, très sévère. […] L’hypothermie assez sévère aussi. On m’a dit que mon corps était à 27 degrés. Plus bas que ça, tu commences à être proche de l’arrêt cardiaque. Je n’avais plus conscience de ce qui se passait. C’est pas mal le plus proche qu’on peut aller de la mort, je pense », souligne le militaire, dont les souvenirs de cette fin de course demeurent flous à ce jour.
« Je me souviens que je ne voulais pas sortir. Mon frère, qui était mon guide dans la chaloupe criait au médecin de me laisser finir. Ils m’ont forcé. Est-ce que je me serais rendu ou est-ce que je serais mort en chemin ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que je suis là pour me réessayer. C’est ça qui est important », ajoute l’athlète de Québec, en s’empressant de témoigner sa confiance et son respect à l’équipe médicale, qui a pris la bonne décision ce jour-là.
LA TROISIÈME SERA-T-ELLE LA BONNE ?
Il a malgré tout décidé de se payer une autre virée à Roberval, pour tenter sa chance une troisième fois lors de la 70e édition de la Traversée du lac Saint-Jean. Car non, son expérience de l’an passé ne l’a pas effrayé un tant soit peu.
« Est-ce que ça m’a fait peur ? Un peu. Pas la peur de mourir, mais vraiment la peur que je peux me pousser si loin que ça et que c’est si facile », dit-il avec assurance, pendant que des nageurs sautent du quai pour effectuer quelques brasses dans la rade de Roberval.
Une chose semble certaine, cependant. Cette troisième tentative de nager les 32 km entre Péribonka et Roberval est fort probablement sa dernière.
Le nageur a reçu un diagnostic de spondylarthrite ankylosante en 2018, une maladie qui lui cause des douleurs à la colonne vertébrale, au bassin et aux articulations.
Il raconte qu’il a dû adapter son entraînement pour mieux récupérer. Mais il a gardé le congélateur qu’il avait acheté l’an dernier, et qu’il avait modifié, pour prendre des bains glacés et s’habituer à l’eau froide, rappelle-t-il avec le sourire.
« Je veux montrer au William de 20 ans qui se fait diagnostiquer avec une maladie de merde que ça ne change rien. Que je vais être capable de continuer pareil. Je veux montrer aux prochains [qui recevront son diagnostic] que peu importe ta condition tu peux rêver grand et forcer fort. »
« 2022, c’est le rêve qui m’a emmené ici. 2023, c’est la passion. 2024, c’est 100 % ma tête de cochon », constate-t-il.
DE L’EAU CHAUDE ET DU FUN
Dans la chaloupe à ses côtés, il pourra compte sur son entraîneur, Nicholas Perron, qui le guidera sur le lac. Son frère, CharlesÉric, qui occupait ce poste l’an dernier, est présentement déployé en Lettonie avec l’Armée canadienne.
Au-delà du travail et des encouragements de son entraîneur, William Racine espère compter sur un coup de main de dame Nature, demain.
« J’espère qu’il va faire chaud, que l’eau sera chaude et j’espère avoir du fun dans le lac », souhaite-t-il.
Après deux Traversées non complétées en raison d’une grave hypothermie, on le croit sur parole.