Le talon d’Achille de Kamala Harris
L’immigration devient le sujet sensible dans plusieurs démocraties, dont les États-Unis
Le départ de Joe Biden et l’arrivée en scène de Kamala Harris ont redonné espoir aux troupes démocrates. Il devient possible pour elles de livrer une véritable bataille à Donald Trump. Les dernières semaines ont été éprouvantes pour le moral de l’électeur démocrate.
Les démocrates ont raison : Joe Biden était devenu un symbole de faiblesse. Son nom sur le bulletin de vote à la présidence pavait la voie à une réélection automatique de Donald Trump. Les choses ont changé et malgré le remplacement bien tardif, une véritable course s’amorce. Kamala Harris offrira une compétition.
Kamala Harris a de grandes qualités. C’est une femme énergique, avec un regard vif et un sourire engageant. Elle a connu une carrière remarquable, elle est de son époque, elle démontre une redoutable force de caractère. Pour des publicitaires et des communicateurs de campagne électorale, il s’agit d’une candidate rêvée.
DÉCEPTION
Malgré ses qualités nombreuses, il faut appeler un chat un chat : elle fut une déception dans son rôle de vice-présidente. Effacée, quasi absente, elle n’a pas su profiter de cette position exceptionnelle pour impressionner. Et malgré l’agenda allégé de Joe Biden, elle n’a pas trouvé l’espace pour briller.
Dans le passé, on a vu des vice-présidents jouer un rôle sur la scène internationale. Dans le mandat Biden, ce rôle a été assumé entièrement par le secrétaire d’État Antony Blinken. Ce dernier, qui est plus un bureaucrate qu’un politicien, a démontré bien plus de panache que la vice-présidente Harris.
Le pire pour Kamala Harris, c’est qu’elle n’a pas brillé dans un mandat crucial que lui a confié le président : l’afflux de migrants illégaux à la frontière mexicaine. Les Américains, en majorité, sont inquiets ou même révoltés de voir entrer des illégaux par dizaines de milliers dans leur pays.
PIRE QUE JAMAIS
Depuis deux ou trois ans, les illégaux traversent la frontière et entrent aux États-Unis dans des nombres records. Les défenseurs de Kamala Harris diront qu’il est injuste de la blâmer pour cela. Elle ne peut pas être tenue responsable de cette augmentation.
D’abord, les mouvements migratoires ne sont pas uniques aux États-Unis. Ils sont devenus une crise dans plusieurs parties du monde. Ensuite, le mandat confié à madame Harris ne concernait pas la gestion de la frontière. Biden lui avait demandé de favoriser le développement économique et l’amélioration de la sécurité dans des pays comme le Honduras et le Guatemala. Si les gens vivent mieux chez eux, ils sentiront moins la pulsion de migrer aux ÉtatsUnis.
Sincèrement, cette défense tiendra difficilement la route dans le débat politique. Pourquoi ? Parce que la campagne risque de porter largement là-dessus. Les élections européennes ont porté sur l’immigration. Les élections en France ont porté sur l’immigration. Ce dossier est en train de couler Justin Trudeau au Canada.
Dû aux mouvements migratoires massifs, c’est le sujet numéro un du moment. Et comptez sur Donald Trump pour en faire un gros sujet de sa campagne.
La perception, c’est que Kamala Harris a un bilan faible sur le sujet fort.