« Jour de rêve » pour les Parisiens
La mairesse Anne Hildago s’est baignée dans la Seine en compagnie du président du comité organisateur
PARIS, France (AFP) | La mairesse de Paris, Anne Hidalgo, a tenu sa promesse et s’est baignée dans la Seine hier en compagnie du président du comité organisateur, Tony Estanguet : une baignade historique et rassurante à neuf jours des Jeux olympiques.
Grand soleil, eau à 20 °C, bactéries et débit en baisse, les planètes se sont alignées pour cette baignade historique de personnages clés des Jeux olympiques.
À deux pas de la mairie de Paris, là où le bras Marie du fleuve parisien décrit une courbe entre la rive droite et l’île Saint-Louis, la mairesse de la ville-hôte, le président du comité d’organisation des jeux (ancien médaillé olympique de canoë) et le préfet de la région parisienne représentant l’État, Marc Guillaume, ont plongé dans l’eau verte opaque en milieu de matinée.
Anne Hidalgo, queue de cheval et combinaison noire courte, et Tony Estanguet, en maillot de bain, ont parcouru une centaine de mètres en crawl, un acte symbolique plus de cent ans après un arrêté qui avait interdit en 1923 la baignade dans le fleuve.
Des centaines de spectateurs ont observé l’événement depuis un pont.
Si, de l’extérieur, cette course à l’image peut prêter à sourire, le sujet est crucial pour les organisateurs des JO, qui ont fait du fleuve la star de ces Jeux, et de sa dépollution un des piliers de leur candidature.
C’est un « jour de rêve », a réagi Mme Hidalgo après avoir nagé quelques minutes, « la promesse a été tenue ». « C’est beaucoup de travail, il y avait une dimension technique, les infrastructures à connecter, tous les bateaux… et nous l’avons fait. »
Pour Tony Estanguet, « c’est un message très important qui a été envoyé aujourd’hui à tous les athlètes qui vont arriver dans quelques jours » : « Ça y’est. La Seine est baignable et effectivement les compétitions de triathlon et de natation marathon vont pouvoir [s’y] dérouler ».
L’HEURE DE VÉRITÉ
État et collectivités de la région parisienne ont injecté 1,4 milliard d’euros depuis 2016 pour rendre baignables la Seine et son principal affluent, la Marne.
Modernisation des stations d’épuration, raccordement des péniches au tout-à-l’égout, ramassage des déchets plastiques… Le plan a aussi accouché de cinq ouvrages majeurs, dont un bassin de rétention des eaux pluviales et usées près de la gare d’Austerlitz, véritable cathédrale souterraine creusée en plein centre de Paris.
Ces ouvrages « permettront de réduire, à moins de deux jours après la dernière pluie, la période d’impossibilité de tenir les épreuves en Seine », affirmait-on à la préfecture en mars.
L’heure de vérité approche pour les organisateurs : après la cérémonie d’ouverture, les épreuves de triathlon (30 et 31 juillet, 5 août), de natation marathon (8 et 9 août) et de paratriathlon (1er et 2 septembre) doivent se tenir dans la Seine.
Or, en août 2023, les répétitions de ces disciplines avaient viré au cauchemar pour les organisateurs, forcés d’annuler plusieurs jours d’épreuves-tests, à cause d’une eau impropre à la baignade.
Le plan B consiste à reporter de quelques jours les épreuves. Sinon, avec un plan C, on vise à déplacer la natation marathon à Vaires-sur-Marne, petite
commune à une vingtaine de kilomètres à l’est de Paris.
DERNIERS RÉSULTATS POSITIFS
Selon les deux derniers prélèvements réalisés les 26 juin et 4 juillet par l’ONG Surfrider sur le parcours olympique, la teneur en E. coli et en entérocoques, les deux bactéries fécales mesurées pour autoriser ou non la baignade, était conforme aux normes des fédérations internationales des sports concernés.
« Les eaux sont propres à la baignade à l’heure actuelle », a commenté pour l’AFP Marc Valmassoni, coordinateur eau et santé chez Surfrider, regrettant toutefois que la teneur en produits chimiques ne soit pas prise en compte par les autorités.
HOMMAGE À CHIRAC
Après sa baignade hier, Anne Hidalgo a rendu hommage à Jacques Chirac, son illustre prédécesseur, qui, alors maire de la capitale en 1990, avait promis aux Parisiens que les eaux de la Seine s’ouvriraient à eux.
Trois décennies plus tard, dès l’été 2025, tous les Parisiens peuvent être autorisés à se baigner dans plusieurs bras de la Seine.