Les milliards $ du Québec dans la mire des autres provinces
La Colombie-Britannique se joindra à Terre-Neuve pour contester la péréquation
HALIFAX | Des provinces canadiennes ont dans leur mire les milliards de dollars versés annuellement au Québec par Ottawa dans le cadre du programme de péréquation. La Colombie-Britannique a annoncé qu’elle se joindrait à la contestation judiciaire intentée par Terre-Neuve, tandis que l’Alberta et la Saskatchewan plaident pour revoir la formule.
Après l’unité démontrée dans le dossier des demandeurs d’asile la veille, le Conseil de la fédération s’est conclu, hier, sur l’épineuse question des paiements versés chaque année dans le but d’aplanir les disparités fiscales à travers le pays.
Le Québec recevra encore cette année la part du lion, soit près de la moitié de l’enveloppe de 25,2 G$ (voir tableau).
Hier, le premier ministre de la Colombie-Britannique a déclaré qu’il accorderait son « support entier » à la contestation judiciaire annoncée par Terre-Neuve-et-Labrador pour exclure notamment les ressources naturelles de l’équation.
« Le système est clairement brisé », estime David Eby.
Le Britanno-Colombien va même plus loin, en affirmant que le Québec et l’Ontario bénéficieraient d’un « traitement spécial » de la part d’Ottawa, entre autres en raison des sommes allouées récemment pour la filière batterie.
En conférence de presse pour clore les trois jours de rencontre, le premier ministre de la Saskatchewan a également affirmé que son gouvernement interviendrait aux côtés de ses collègues si la cause était portée devant les tribunaux.
L’ALBERTA AUSSI
L’Albertaine Danielle Smith a elle aussi rappelé sa vive opposition à ce programme qui défavorise les provinces pétrolières.
Au cours des dernières années, a-t-elle souligné, Terre-Neuve-et-Labrador a dû verser des sommes importantes qui ont bénéficié au Québec et à l’Ontario (T.-N.-L. recevra cette année son premier versement depuis 2008).
« Cela en soi démontre que la formule ne fonctionne pas », a-t-elle déclaré.
QUÉBEC EN DÉSACCORD
Sans surprise, le premier ministre François Legault a plutôt plaidé pour le maintien du calcul actuel, à l’avantage du Québec.
Le leader caquiste a rappelé son désir de faire croître l’économie québécoise et ainsi cesser un jour de dépendre de la péréquation canadienne.
Mais en attendant, le programme permet de « s’assurer que chaque province ait les moyens d’offrir des services équivalents partout au Canada », a-t-il souligné.
« Donc, je pense qu’il faut garder la formule actuelle. Je ne veux pas parler pour les autres, mais je crois qu’on est au moins cinq provinces qui pensent comme ça », a affirmé le premier ministre.
De plus, des négociations sur un nouvel accord risqueraient de ne jamais aboutir, estime-t-il.
DEMANDEURS D’ASILE
Dans un autre dossier, François Legault pourra compter sur un deuxième premier ministre prêt à recevoir une partie des demandeurs d’asile installés au Québec.
« Au Manitoba, nous serons prêts à accueillir des nouveaux arrivants, surtout de la francophonie, mais nous avons besoin de l’aide du gouvernement fédéral », notamment en matière de logement abordable, a déclaré Wab Kinew.
Le Manitoba s’ajoute ainsi à Terre-Neuve-et-Labrador, qui avait déjà levé la main en réponse à la volonté de François Legault de déplacer volontairement une partie des demandeurs d’asile présentement sur le territoire québécois.
Toutefois, les deux provinces n’ont pas précisé combien de personnes elles pourraient ainsi accommoder sur leur territoire.