La défaite de Trudeau dans son Canada déréglé
L’élection partielle de Toronto– St. Paul’s a représenté un tremblement de terre politique. Pour le Canada et pour le Parti libéral. Toute la semaine, la défaite libérale a été commentée, avec raison, comme un facteur qui devrait pousser Justin Trudeau vers la porte de sortie.
La défaite de Justin Trudeau dans ce château fort, où il présentait une candidate vedette, remet en question sa capacité de gagner des sièges. Si Toronto–St. Paul’s n’est plus sûr pour le PLC, que reste-t-il de sûr ?
Justin Trudeau a pris le Parti libéral dans la cave en 2013. L’hécatombe de l’élection précédente n’avait laissé que 35 sièges aux libéraux, un creux historique. Le même chef pourrait-il à son départ laisser son parti dans le même état qu’il l’a pris, malgré dix ans de pouvoir ? Des libéraux commencent à se poser la question.
Ce qui me frappe de cette élection, c’est le symbole d’un Canada dysfonctionnel. Le premier ministre se casse la margoulette dans une élection complémentaire qui est à l’image de ce que le Canada est devenu. Brisé, déréglé, cassé.
Élections Canada a dû s’excuser au lendemain de cette élection pour un comptage des votes d’une lenteur jamais vécue. Des résultats ont été transmis tard dans la nuit, pour ne pas dire le lendemain matin.
QUOI ?
Après Service Canada qui a failli à faire une chose simple comme délivrer les passeports ;
après l’ARC qui a versé de la PCU à tort et à travers ;
après le système de paye Phoenix qui ne verse pas correctement la simple paye aux employés ;
après le ministère de l’Immigration qui est embourbé complètement ;
après l’Agence des services frontaliers qui a donné des contrats ridicules pour ArriveCAN et qui a laissé s’installer un réseau d’exportation de véhicules…
voici qu’Élections Canada n’est plus capable de faire la chose la plus élémentaire : compter les votes !
Je ne dis pas que tout est la faute de Justin Trudeau. Je constate seulement que la fonction publique fédérale, naguère prise en exemple en matière de professionnalisme, en arrache aujourd’hui pour accomplir les tâches de base. En d’autres termes, qu’il soit à blâmer ou non, il ne peut se dégager de l’impression que, sous sa gouverne, la machine fédérale roule carré.
FAIRE MOINS AVEC PLUS
Le plus fou, c’est que tous ces ministères qui ont perdu de l’efficacité opèrent avec plus d’employés que jamais. Depuis que le gouvernement libéral est en poste, on dénombre quelque 110 000 fonctionnaires fédéraux supplémentaires. Il s’agit d’un bond ahurissant de 42 % en neuf ans à peine.
Ajoutons au portrait que les fonctionnaires ont reçu beaucoup d’aide (en théorie) avec une explosion du recours aux consultants externes durant la même période. Évidemment, si l’on se fie au modèle ArriveCAN, la synergie entre consultants et fonctionnaires ne semble pas tellement garante d’une grande productivité.
Qu’il soit coupable ou victime des problèmes de la machine fédérale, Justin Trudeau en paye aujourd’hui le prix. Un fort prix.