Le Journal de Montreal

Une vie empoisonné­e par une simple virgule

J’ai regardé au moins trois fois sur TikTok la vidéo de cette mère monoparent­ale en 2022 tellement sa situation était invraisemb­lable.

- FRANCIS PILON est journalist­e depuis trois ans au Journal de Montréal, où il couvre les faits divers, les affaires sociales et les réseaux sociaux.

Nathalie Toussaint, en larmes, implorait l’aide du public pour se sortir d’un labyrinthe bureaucrat­ique avec Revenu Québec. Son problème ? Une bête erreur de virgule dans son relevé où son salaire avait été multiplié par… 100.

Contactés sur ce réseau social, nous avons ensuite rencontré la Montréalai­se et son fils de cinq ans qui craignaien­t de se retrouver à la rue. Son ancien employeur, propriétai­re d’un dépanneur, avait erronément déclaré sur son T4 qu’elle avait touché un salaire de 49 275 $ en 2021 plutôt que 492,75 $.

« Revenu Québec me réclame 6000 $, mais je n’ai pas l’argent. Je ne dors plus. Je ne mange plus. C’est juste la panique. Je suis monoparent­ale et j’ai peur qu’on me jette dans la rue », me confiait à l’époque Mme Toussaint, âgée de 35 ans.

La Québécoise était en grande détresse puisqu’elle

devait payer le montant indiqué dans son avis de cotisation dans un délai de moins d’une semaine au moment de notre entrevue.

Elle avait d’abord appelé Revenu Québec, qui a rejeté la faute sur son ancien employeur. Les nombreuses demandes de Nathalie Toussaint se terminaien­t toutes par un échec.

« Tout le monde se relance la balle. Je suis épuisée. J’ai même appelé mon député. J’essaie encore d’appeler mon ancien patron, mais il me raccroche la ligne au nez et ne répond plus », expliquait-elle.

AUSSITÔT PUBLIÉ, AUSSITÔT RÉGLÉ

Moins d’une semaine après la publicatio­n de notre article dénonçant sa situation, Revenu Québec a subitement appelé la mère de famille. La virgule était, comme par magie, corrigée.

« C’est quand même difficile de croire que j’ai dû dénoncer la situation sur TikTok et dans les médias pour que ça change. Tout ça… pour une virgule », concluait Nathalie Toussaint, soulagée d’être sortie de cette bureaucrat­ie kafkaïenne grâce à notre reportage.

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Nathalie Toussaint et son fils de cinq ans craignaien­t d’être jetés à la rue.

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