Moscou exige la capitulation de Kyïv
L’Ukraine dénonce un « ultimatum à la Hitler » alors que les États-Unis et l’OTAN rejettent les conditions de Poutine
MOSCOU | (AFP) Le président russe Vladimir Poutine a exigé hier une capitulation de l’Ukraine comme condition pour des pourparlers de paix. Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky a aussitôt rejeté un « ultimatum à la Hitler », à la veille d’un sommet en Suisse consacré aux moyens d’arriver à la paix et dont la Russie est exclue.
L’Ukraine, les États-Unis et l’OTAN ont immédiatement rejeté ces conditions du maître du Kremlin.
Le président russe, dont l’armée a repris depuis plusieurs mois l’initiative sur le front face à des forces ukrainiennes en manque d’hommes et de munitions, a réclamé que Kyïv renonce à rejoindre l’OTAN et se retire des régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia que la Russie occupe déjà partiellement et prétend annexer en plus de la Crimée.
« Dès que Kyïv (…) commencera le retrait effectif des troupes et notifiera l’abandon de son projet d’adhésion à l’OTAN, nous donnerons immédiatement, à la minute même, l’ordre de cesser le feu et d’entamer des négociations », a dit M. Poutine face aux cadres du ministère russe des Affaires étrangères.
Remplir ces conditions constituerait de facto une reddition de l’Ukraine, dont l’objectif est de rétablir son intégrité territoriale et sa souveraineté dans les frontières internationalement reconnues.
« STRATAGÈME »
Si l’armée russe a l’initiative sur le front, elle y a subi des pertes considérables depuis deux ans et ne parvient pas à prendre un avantage décisif.
Le Kremlin avait proclamé dès septembre 2022 l’annexion de quatre régions de l’est et du sud de l’Ukraine, en plus de celle de la Crimée en 2014.
Vladimir Poutine a insisté hier sur le fait que l’Ukraine devait remettre à la Russie la totalité de ces territoires, alors même que Moscou ne les occupe que partiellement et que les combats y font toujours rage.
Dans la soirée, il a en outre souligné à la télévision russe que 700 000 soldats russes participaient désormais à l’opération en Ukraine, soit près de 100 000 de plus de ce qu’il affirmait en décembre.
Le président russe a en outre qualifié de « stratagème pour détourner l’attention » des vraies responsabilités dans le conflit – selon lui celles de l’Ukraine et des Occidentaux – le sommet pour la paix prévu en Suisse les 15 et 16 juin à l’initiative de l’Ukraine. Kyïv espère que les quelque 90 délégations présentes, malgré l’absence notamment de la Chine, y aboutiront à un consensus pour accroître la pression sur le Kremlin.
NAZISME
« Ces messages sont des messages d’ultimatum […] Hitler faisait la même chose, quand il disait “Donnez-moi une partie de la Tchécoslovaquie et on en reste là”, mais non, ce sont des mensonges », a commenté de son côté le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un entretien à la chaîne d’information italienne SkyTG24 en marge d’un sommet du G7.
« Le nazisme est là, et il a désormais le visage de Poutine », a-t-il ajouté.
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, dont le pays est le principal soutien militaire et financier de Kyïv, a jugé que M. Poutine « avait occupé illégalement le territoire souverain de l’Ukraine (et n’était) pas en position de dicter à l’Ukraine ce qu’elle doit faire pour parvenir à la paix ».
Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a de son côté estimé que le dirigeant russe n’agissait pas de « bonne foi ».