Le Journal de Montreal

Un permis pour vendre de la bouffe maison

Le MAPAQ exigera des normes sur la nourriture faite à domicile contre rémunérati­on

- JEAN-PHILIPPE GUILBAULT

Devant le phénomène grandissan­t de la vente en ligne de nourriture préparée à la maison, Québec serre la vis et exigera que ces cuistots se dotent d’un permis de restaurati­on.

Un projet de règlement a été annoncé le 1er mai dernier dans la Gazette officielle du Québec. Il prévoit la fin de l’exemption qui existait pour les personnes cuisinant à la maison de détenir un permis de restaurati­on. La seule exception qui perdurera sera pour les ressources intermédia­ires pour les personnes vulnérable­s.

« Le projet de règlement vient confirmer que cette exigence s’applique même si ces aliments ont été préparés dans la cuisine domestique d’un particulie­r », explique-ton du côté du cabinet du ministre de l’Alimentati­on, André Lamontagne.

Un flou existait dans le régime de permis du MAPAQ et l’on souhaite l’effacer avec ce projet.

Ce resserreme­nt des lois survient alors que des plateforme­s en ligne regorgent d’offres de repas préparés par des particulie­rs dans leur cuisine.

Une simple recherche effectuée par Le Journal permet de découvrir des annonces dans la région de Québec pour des arachides, des plats de poisson fumé, des beignets ou même des pieds de mouton.

« On a toujours vu des activités en ce sens avec de bons volumes de ventes en ligne », explique en entrevue avec Le Journal le vice-président aux affaires publiques et gouverneme­ntales à l’Associatio­n Restaurati­on Québec (ARQ), Martin Vézina.

« Quand on voit des gens s’improviser des activités de restaurati­on sur Marketplac­e ou sur Uber Eat, les gens doivent avoir un permis. »

FACILITER LES INSPECTION­S

L’ARQ salue avec enthousias­me ce changement de règles proposé par Québec. Elle considère la vente en ligne par des particulie­rs comme une « compétitio­n déloyale » aux restaurant­s avec pignon sur rue.

« Quand on opère avec une cuisine résidentie­lle, on n’a pas la même structure de coûts que dans un restaurant », note M. Vézina. « Et ce n’est pas qu’une question d’argent : en ayant un permis, ils pourront recevoir des visites d’inspection du MAPAQ. »

L’ARQ avance donc qu’il sera plus facile d’assurer un suivi des normes sanitaires auprès des particulie­rs oeuvrant de leur cuisine de maison s’ils sont enregistré­s auprès du ministère.

« C’est un défi présenteme­nt du côté de l’inspection, avance Martin Vézina. C’est difficile d’épingler ces gens-là en ligne parce que la réglementa­tion n’est pas assez claire. »

Au cabinet du ministre, on fait également valoir qu’« il est de la responsabi­lité de la personne qui fait la préparatio­n d’offrir des aliments sains et sécuritair­es afin d’éviter les intoxicati­ons alimentair­es, peu importe le lieu de préparatio­n et le lieu de vente. »

Le règlement est en prépublica­tion et les commentair­es des citoyens sont attendus jusqu’au 15 juin.

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CAPTURE D’ÉCRAN DE MAKETPLACE Il est possible d’acheter en ligne dans la région de Québec des pieds et des têtes de mouton sur la plateforme Marketplac­e de Facebook.
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CAPTURE D’ÉCRAN DE MAKETPLACE Une personne vend des arachides en ligne dans la région de Québec sur la plateforme Marketplac­e de Facebook.

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