Un permis pour vendre de la bouffe maison
Le MAPAQ exigera des normes sur la nourriture faite à domicile contre rémunération
Devant le phénomène grandissant de la vente en ligne de nourriture préparée à la maison, Québec serre la vis et exigera que ces cuistots se dotent d’un permis de restauration.
Un projet de règlement a été annoncé le 1er mai dernier dans la Gazette officielle du Québec. Il prévoit la fin de l’exemption qui existait pour les personnes cuisinant à la maison de détenir un permis de restauration. La seule exception qui perdurera sera pour les ressources intermédiaires pour les personnes vulnérables.
« Le projet de règlement vient confirmer que cette exigence s’applique même si ces aliments ont été préparés dans la cuisine domestique d’un particulier », explique-ton du côté du cabinet du ministre de l’Alimentation, André Lamontagne.
Un flou existait dans le régime de permis du MAPAQ et l’on souhaite l’effacer avec ce projet.
Ce resserrement des lois survient alors que des plateformes en ligne regorgent d’offres de repas préparés par des particuliers dans leur cuisine.
Une simple recherche effectuée par Le Journal permet de découvrir des annonces dans la région de Québec pour des arachides, des plats de poisson fumé, des beignets ou même des pieds de mouton.
« On a toujours vu des activités en ce sens avec de bons volumes de ventes en ligne », explique en entrevue avec Le Journal le vice-président aux affaires publiques et gouvernementales à l’Association Restauration Québec (ARQ), Martin Vézina.
« Quand on voit des gens s’improviser des activités de restauration sur Marketplace ou sur Uber Eat, les gens doivent avoir un permis. »
FACILITER LES INSPECTIONS
L’ARQ salue avec enthousiasme ce changement de règles proposé par Québec. Elle considère la vente en ligne par des particuliers comme une « compétition déloyale » aux restaurants avec pignon sur rue.
« Quand on opère avec une cuisine résidentielle, on n’a pas la même structure de coûts que dans un restaurant », note M. Vézina. « Et ce n’est pas qu’une question d’argent : en ayant un permis, ils pourront recevoir des visites d’inspection du MAPAQ. »
L’ARQ avance donc qu’il sera plus facile d’assurer un suivi des normes sanitaires auprès des particuliers oeuvrant de leur cuisine de maison s’ils sont enregistrés auprès du ministère.
« C’est un défi présentement du côté de l’inspection, avance Martin Vézina. C’est difficile d’épingler ces gens-là en ligne parce que la réglementation n’est pas assez claire. »
Au cabinet du ministre, on fait également valoir qu’« il est de la responsabilité de la personne qui fait la préparation d’offrir des aliments sains et sécuritaires afin d’éviter les intoxications alimentaires, peu importe le lieu de préparation et le lieu de vente. »
Le règlement est en prépublication et les commentaires des citoyens sont attendus jusqu’au 15 juin.