D’autres villes songent à taxer les touristes
Elles pourraient imiter les Îles-de-la-Madeleine
Après les Îles-de-la-Madeleine, d’autres petites municipalités du Québec pourraient être tentées d’imposer une redevance aux visiteurs pour les aider à éponger les coûts liés au tourisme de masse.
Mais bien avant les Îles-de-la-Madeleine, qui imposeront une redevance de 30 $ aux touristes dès cet été, il y a eu Percé.
En 2021, la municipalité gaspésienne est devenue la première ville du Québec à mettre en place une redevance touristique sur son territoire pour tenter de renflouer ses coffres. Le règlement imposait aux commerçants de prélever 1 $ par tranche de 20 $ dépensée par les visiteurs dans leurs commerces.
Des commerçants opposés au projet ont toutefois porté l’affaire devant la Cour supérieure. Le tribunal leur a donné raison : une ville a le droit de percevoir une redevance, mais elle ne peut pas obliger les commerçants à le faire à sa place.
Percé a fait appel de la décision et la cause est toujours devant les tribunaux.
Ces deux cas témoignent du casse-tête que représente le tourisme à grande échelle pour les petites localités.
Même s’ils contribuent à l’essor économique des commerces locaux, les visiteurs exercent une pression sur les villes – et le portefeuille des citoyens –, qui doivent payer pour maintenir à niveau les infrastructures nécessaires à les accueillir.
Dans ce contexte, certaines villes doivent absolument trouver de nouvelles manières de se financer. Par courriel, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a indiqué que la redevance réglementaire « est spécifiquement conçue pour atteindre cet objectif ».
Des initiatives comme celles imaginées à Percé et aux Îles-de-la-Madeleine font donc réfléchir les élus d’autres communautés qui cherchent à diversifier leurs sources de revenus. En voici trois.
Le maire Richard Therrien l’indique sans détour : une redevance touristique sera « fort probablement » imposée dans sa municipalité si la Ville de Percé obtient gain de cause.
« Charger 1 $ par tranche de 20 $ de dépenses, ça me semble raisonnable », mentionne-t-il en entrevue à 24 heures.
Tadoussac, un petit village de 800 habitants, accueille 300 000 touristes annuellement. Et recevoir autant de visiteurs ne se fait pas sans investissements.
On peut penser au paysagement, à l’entretien des toilettes publiques, à la réfection des routes et de la promenade ou à la gestion du stationnement.
Depuis quelques années, les taxes payées par les citoyens et les subventions ne suffisent plus à réaliser ces travaux, affirme le maire. Si bien que l’entretien des infrastructures touristiques représente désormais un problème financier récurrent pour la municipalité.
ALLÉGER LE FARDEAU FISCAL
Le maire Michaël Pilote ne ferme la porte à une redevance touristique pour alléger le fardeau fiscal des 7000 habitants de son village. Les discussions sont toutefois encore à un stade « embroyannaire ».
« C’est certain qu’on suit avec attention ce qui se passe avec Percé, mais on n’a pas pris de décision encore. La question de l’imposer à tous les commerces, on trouve que c’est beaucoup trop d’implication, donc on n’est pas en faveur de ça », indique-t-il à 24 heures.
Chose certaine, si une redevance en venait à être imposée aux visiteurs à BaieSaint-Paul, les citoyens devraient absolument y trouver leur compte.
« J’ai toujours dit qu’il ne faut pas mettre la qualité de vie des citoyens et le tourisme dos à dos », martèle M. Pilote.