Lutte contre le cancer et l’immigration
Une femme tente de faire obtenir le visa de résidence à son mari, sinon il devra tout recommencer à son décès
Une mère mourante, atteinte d’un cancer fulgurant, désespère de vivre les dernières semaines de sa vie sans savoir ce que deviendront ses deux jeunes enfants alors que son mari attend depuis trois ans sa résidence permanente.
« J’utilise mes dernières forces pour rester en vie jusqu’à ce qu’il ait son visa parce que si je meurs, tout tombe à l’eau et mon mari devra tout recommencer », laisse tomber Ibtissem Koulali, une maman de 35 ans qui a reçu, il y a moins d’un an, un diagnostic de cancer métastasé qui touche son estomac, son foie, ses poumons et son oesophage.
Originaire d’Algérie et citoyenne canadienne depuis 2017, elle avait déjà survécu à un cancer du sein en 2016. Pendant des mois, elle a dû s’occuper seule de ses deux garçons de 1 et 2 ans en plus de subir de lourds traitements de chimiothérapie.
Elle a finalement été admise lundi dernier dans un établissement de soins de fin de vie.
« Malheureusement, il ne lui en reste plus pour très longtemps », explique une proche aidante qui a demandé à taire son identité.
DOUBLE COMBAT
En plus de livrer un combat contre la maladie, Mme Koulali tente désespérément de faire venir son mari, Nassim Derouiche, qui attend sa résidence permanente depuis 2021. Plusieurs médecins avaient écrit des lettres pour appuyer sa demande humanitaire.
En octobre dernier, Le Journal rapportait qu’elle avait soumis cinq demandes de visa de touriste pour que son mari puisse au moins venir la voir et la soutenir avec leurs enfants.
Toutes les demandes avaient été refusées par Immigration Canada, qui indiquait que M. Derouiche ne répondait pas aux exigences.
À la suite de l’article, le gouvernement avait finalement fait volte-face en acceptant de délivrer un visa temporaire à M. Derouiche, qui a pu se déplacer au chevet de sa femme pendant plusieurs mois.
CRAINTE POUR SES ENFANTS
« Depuis, il ne se passe plus rien. Je ne sais pas ce qu’il va se passer avec mes enfants quand je vais mourir », s’inquiète la mère de famille, alors que son mari va devoir quitter le territoire dans six mois du fait de son visa de visiteur.
DÉLAI PLUS LONG
Selon le site d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), les délais de traitement s’étirent à plus de 30 mois pour un dossier de rapatriement familial.
Face à la situation, Mme Koulali a demandé dans son testament à ce que son plus jeune enfant vive avec l’une de ses amies et son aîné avec sa soeur, qui fait ses études ici.
« Mais j’aimerais savoir qu’ils seront avec leur père plutôt que séparés chez des proches », laisse-t-elle tomber, visiblement à bout de force au téléphone.