Population sous le choc
Le tragique accident était sur toutes les lèvres, hier, à Baltimore
BALTIMORE | (AFP) Dans sa station-service en périphérie de Baltimore, Patricia Sisk voit généralement passer à l’aube des routiers habitués et des parents pressés. Après l’effondrement spectaculaire hier d’un grand pont à moins de deux kilomètres et demi, c’est un ballet de policiers, de secouristes et de clients choqués.
« C’est effrayant », confie cette Américaine de 82 ans à l’air affable sous sa casquette de travail.
« Quand je suis arrivée, on m’a raconté. J’ai vu toutes ces forces de police et elles m’ont dit ce qu’il s’était passé. Et vous savez, je compatis avec tous ces gens », poursuit-elle alors que le son des sirènes résonne autour du petit supermarché de la station-service, sur la côte est des États-Unis.
Mme Sisk dit n’avoir pas éprouvé une telle sensation de peur depuis les attentats du 11 septembre 2001.
« Vous savez quand les tours... c’est juste ce sentiment un peu glauque », explique l’octogénaire d’un ton calme mais inquiet.
PEUR ET TREMBLEMENTS
Parmi les clients du commerce, Jennifer Woolf ne montre pas de peur contrairement, dit-elle, à son fils de 20 ans, qui a échappé de peu à la catastrophe. Après une dispute dans la nuit avec sa petite amie, il a pris la route furieux depuis Dundalk, de l’autre côté du pont.
Il a fait demi-tour pour finalement la retrouver.
« Il est passé par le pont une deuxième fois. Et trois minutes après exactement, le pont s’effondre », rapporte sa mère de 41 ans.
« Il est rentré à la maison en panique, en pleurs, tremblant, et j’ai commencé à pleurer aussi », raconte cette entrepreneure au ton assuré.
Avec son petit-déjeuner en main, un grand gobelet de soda et un paquet de biscuits au chocolat, Paul Kratsas assure avoir craint depuis longtemps qu’un tel drame se produise sur le pont.
« Ces navires vont et viennent tout le temps. Et ils viennent généralement avec de gros remorqueurs », fait-il remarquer.
Plus loin, quelques habitants, venus entre amis ou en promenant leur chien, se retrouvent à Stoney Beach, un petit ensemble de quelques dizaines de maisonnées avec vue sur la rivière Patapsco et les restes du pont qui le surplombait.
IRRÉEL
Tiffany Wengert, accompagnée d’une amie, raconte son état d’« incrédulité » en tombant sur la vidéo de l’accident sur internet, avec « l’impression que ce n’était pas réel en la voyant la première fois ». Ce pont qui l’impressionnait dans son enfance ressemble maintenant « à un jouet ». « C’est tellement bizarre ! ».
« C’est quelque chose qu’on a regardé toute notre vie. C’est comme la porte d’entrée de notre ville, dit à l’AFP cette enseignante de 30 ans, emmitouflée dans un large pull rose. C’est juste triste ».